Un album plus qu’ambivalent. Tout d’abord, le retour au bercail du (défunt) grand frère George à la production, une bonne chose en soi après tout, La mise en son n’ayant rien à envier à l’ère Rick Rubin, mais un peu à celle de Bruce Fairbain…
Une direction musicale qui revient aux fondamentaux, ce Blues rugueux qui fit jaillir le groupe dans les 70s, qui plus est avec la voix de Bon Scott à l’époque.

En 2000, AC/DC peut se targuer d’un regain de vitalité et de popularité, même s’il ne les a jamais vraiment perdues, grâce notamment aux énormes succès engendrés par les albums "The Razor’s Edge" et "Ballbreaker", sortes de dynamiteurs d’une renaissance retrouvée, et à juste titre, voyant le groupe retrouver des compositions efficaces à souhait. En ce qui concerne ce "Stiff Upper Lip", la donne est radicalement différente. Exit les hymnes Hard Rock, à quelques exceptions près, notamment l’extraordinaire "Safe In New York City", petite « speederie » inspirée, où les riffs de feu Malcolm sont, comme toujours, magistraux ! "All Screwed Up" est d’ailleurs du même tonneau, en plus contenu… Les gars savent nous faire plaisir, c’est un fait, mais la caractéristique première d’AC/DC est avant tout de s’éclater eux-mêmes, sinon leur Musique n’aurait pas de sens pour eux !

Là où le bât blesse, malheureusement, est leur incapacité à renouer qualitativement avec un style qui n’est plus le leur aujourd’hui, le Blues, à l’instar de "Damned", "Meltdown" ou autre "House Of Jazz", sont passables, mais clairement pas au niveau d’un groupe ayant cette expérience, et c’est bien dommage !

L’ensemble est parfois poussif, quand bien même Brian reste inattaquable sur son chant, le bougre s’en tirant comme toujours avec talent ! Pour autant, tout n’est pas à jeter sur cet opus de transition, comme le prouve le convaincant "You Can’t Stop Rock N’Roll", aux atours sincères, voyant Angus se lâcher comme il sait si bien le faire, se mettant en avant comme jamais. Heureusement que son frère est assez intelligent pour le laisser évoluer comme il l’entend !

Au final, un album attachant, où les deux frères s’affrontent sans jamais s’abîmer. Angus est la réussite incarnée, Malcolm le frère en retrait, d’une nature plus réservée mais qui n’est pas moins méritant que son illustre petit frère, qui lui s’érige en statue de bronze sur la pochette.
L’intelligence est dans la discrétion manifestement.