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The CHASM - Procession To The Infraworld (2000)
Par DARK MORUE le 22 Juin 2013          Consultée 7398 fois

THE CHASM, c'est un peu le boss de fin du chroniqueur. C'est un groupe qu'on ne PEUT PAS assimiler, purement et simplement. On peut retourner leurs albums autant de fois qu'on veut dans tous les sens, c'est tellement tordu, occultement dense, bourré de petits trucs dans tous les sens et ça contraste tellement ses ambiances malignes que chaque écoute du même album finira par être une expérience différente. Poser ses mots sur un monstre comme "Procession To The Infraworld", c'est tendu. Y'en a trop à dire, chaque morceau peut faire l'objet d'une chronique, même l'intro instrumentale. Voilà. Je vais quand même essayer de le faire mais c'est pas pour rien qu'il s'écoule plusieurs mois entre chacun de mes écrits sur ce groupe. Surtout que là on parle de l'album ultime. Celui que quand tu le connais sur le bout des doigts, tu peux te vanter d'avoir fini la musique.

À ce moment là, Corchado et Léon sont bien ancrés dans leur nouveau statut de citoyen américain. Plus que deux dans le groupe vu qu'Erik Diaz est resté à Mexico, ils s'entourent pour ce nouveau méfait d'un nouveau pilier du groupe, Julien Viterbo, extrait tout comme Corchado de CENOTAPH et membre fondateur des Kvlt SHUB-NIGGURATH. Et un bassiste aussi, il paraît que c'est cool. On rassemble tout ce petit monde, on leur fait faire le tour de toutes les sectes existantes, on leur apprend à louer toutes les divinités impies et vouer tous les cultes inimaginables, on mélange le tout et on en extrait de la musique. Vous êtes en train de lire la chronique de la version Death Metal du résultat.
Oui, "Procession To The Infraworld" est cette fois foncièrement Death. Y'a plein de machins bizarres qui flottent mais la base est Death, le son abyssal est Death, le grain est Death, et le chant est souvent Death. Bref, cette fois plus de doutes, THE CHASM fait bien du Death. Mais alors quel Death...

Tordu au possible bien que furibard, atmosphérique, mélodique, dissonant, on passe par tous les stades. Et toujours on touche du doigt la perfection. Rien que l'intro instrumentale pulvérise tout ce qui se fait dans le genre, et est totalement inoubliable avec des riffs mi-spectraux mi-mélodiques et un placement acoustique merveilleusement bien fichu. On plane, on voit un truc difforme d'une autre dimension se matérialiser, un portail, qu'on franchit parce qu'on est des fous et qu'on sait pas trop où on est, et BIM voilà "The Scars Of My Journey" qui rapplique et ravage tout. Si vous voulez vous faire une idée, on m'a déjà dit à ce moment-là "euh ouais... On dirait un mélange entre MORBID ANGEL et DISSECTION...". Et c'est pas faux. Titre rapide, vorace qui démarre en trombe et tombe sur la gueule en montrant les crocs, mais qui part très vite en mode épique, conquérant, avec des riffs grandioses et un maître de cérémonie toujours aussi fou... Corchado est encore une fois possédé, sa voix polymorphe grondant, hurlant, crachant sa haine et proclamant de viles incantations par toute la puissance de ses glaires... Tout y passe, et pas à moitié. Rien qu'à voir les paroles, c'est davantage un texte sacré récité avec rage que quelque chose fait pour s'ancrer dans le crâne.

Vous pouvez écouter n'importe quel morceau de l'album maintenant pour comprendre de quoi il retourne. Que ce soit le froid "At The Edge Of Nebula Mortis" et son riffing purement Black Metal cosmique mêlé à un esprit épique et des riffs écrasants purement Death, une structure totalement improbable et un feeling qui tranche là où ça fait mal. Putain mais ça veut plus rien dire là. Je sais pas comment caractériser une musique pareille avec des expressions conventionnelles. Nan mais regardez, rien que le missile expéditif d'à peine 2 min "Fading" est d'une complexité monstrueuse et sort des riffs qui viennent d'une autre planète, avec cette superposition de bourrinage intensif et de sonorités lunaires, et même un solo qui réussit à être bordélique et ultra mélodique à la fois...
Jamais vous trouverez un truc pareil ailleurs. Ce point d'équilibre entre un déploiement de brutalité phénoménal, et riffs tordus, dérangés et incroyablement mélodiques. Un souffle de grandeur est insufflé à l'album, par cette production ultra nette, précise à mort faisant claquer tous les acteurs comme plusieurs têtes d'une même entité, par ce feeling de dieu maudit conquérant, par toutes les métaphores minables que vous voudrez, vous pigez ce que je veux dire.

Roh et puis de toute façon les mots ne suffisent pas. Je sais pas, enchaînez la tuerie brutale, astrale, impie et envoûtante à la fois et tour à tour qu'est "Return Of The Banished" (quelle tuerie, mais quelle tuerie) et ce solo anti-cosmique atypique, couplés aux gros riffs brise-nuque en forme de Death Metal martial ultime, et la violente virée spatiale qu'est "Cosmic Landscapes Of Sorrow", qui serait un peu la Bande Son de Dead Space si on foutait Yog Sothoth à la place des Necromorphs... Impossible de rentrer dans les détails. La musique de THE CHASM est ici trop riche. Une petite note par-ci par-là, un contraste des atmosphères tordues, de gros riffs rouleau compresseur, tout plein de mélodies inédites aux sonorités qu'on avait jamais entendu ailleurs avant...
Pour leur virage purement Death Metal, ils ont vu les choses en grand, et va falloir trouver une métaphore qui reflète intégralement l’œuvre.
Si Lovecraft avait un jour rêvé qu'il jouait du Death Metal dans une autre dimension drapée de ténèbres spatiales, ça donnerait ça.
Et quand je dis spatial, c'est pour parler de Trou Noir, d'espace et de temps qui se confondent, la quantique des abominations éternelles et tout. Hein.

Et le tout ramassé sur 40 min, ce qui est TRÈS court pour du THE CHASM. L'augmentation de la brutalité et de l'inventivité a donné un album concis, ne disposant QUE de moments forts. Je vous mets au défi de trouver la moindre seconde à jeter. Tout s'imbrique, forme un puzzle gigantesque et difficilement pénétrable tellement tout respire la perfection. Oui osons le dire. À part sa complexité et son ambition démesurée, il est impossible de reprocher quoi que ce soit à cet album disposant d'absolument tout pour être une pierre angulaire de son genre. Ces mecs-là voient en l'édifice Death Metal quelque chose de compliqué, de subtil, de dur à anticiper, alors ils ont choisi d'y apporter leur touche et de livrer un chef d’œuvre. Un machin difforme, capable de pointer simultanément en direction des abysses et des étoiles, de prendre aux tripes et caler de monstrueux uppercuts dans la tronche tout en bluffant par sa beauté.
Un sommet. Sublime.

5/5, pas d'hésitation, et même pas de petite phrase pour conclure, c'est pas la peine.

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   DARK MORUE

 
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- Daniel Corchado (chant, guitare)
- Julio Viterbo (guitare)
- Roberto Valle (basse)
- Antinio Leon (batterie)


1. Spectral Sons Of The Mitclan
2. The Scars Of My Journey
3. At The Edge Of Nebula Mortis
4. Fading...
5. Return Of The Banished
6. Cosmic Landscapes Of Sorrow
7. Architects Of Melancholic Apocalypse
8. Storms Of Revelations



             



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