Il est de ces groupes pour lesquels tenter de nier une quelconque parenté est inconcevable. Ainsi parler de CALADAN BROOD sans évoquer SUMMONING tient réellement de la gageure, tant le duo de Salt Lake City semble avoir écouté en boucle les classiques de leurs cousins autrichiens : la seule différence notable concernant au final l'inspiration émanant de Erikson et de son "Malazan Book Of The Fallen" et non de l'univers de Tolkien.

Mais là où la plupart des formations qui se contentent seulement et simplement de copier leurs aînés ne recevront rarement mieux qu'un "hommage sympathique et réussi" en guise de critique, CALADAN BROOD transcende l'œuvre de son maître, et n'ayons pas peur de le dire, joue largement à armes égales avec le SUMMONING actuel et parfois même, le dépasse.

Alors oui, en terme d'émotions pures, de désespérance ou de la magnificence des chœurs, SUMMONING maîtrise son sujet et reste intouchable. Mais son petit frère ne s'y trompe pas ni ne s'y frotte, ne tentant d'ailleurs que rarement de jouer cette carte de l'émoi pur et spontané (à part, à mon sens, sur l'introduction de "Wild Autumn Wild"). Et pourtant, l'œuvre des Américains ne demeure pas pour autant dénuée de grâce bien au contraire, en témoignent toutes ces interventions de chœurs masculins dignes d'un FALKENBACH qui l'émaillent. Idem pour cette faculté qu'a le groupe à nous proposer de gros breaks orchestraux et épiques à souhait.

Cependant, CALADAN BROOD possède également bien d'autres atouts enfouis dans ses longues manches, à commencer par une fraîcheur et une petite touche de folie que SUMMONING a perdu depuis quelques années (mais du haut de ses 20 ans, qui l'en blâmerait) ? Et sur ce point, les Utahains lui mettent crânement une gentille petite tape derrière l'oreille, qu'il s'agisse de belles accélérations Black vindicatives et sournoises, voire de quelques gimmicks inattendus comme ces soli de guitare sacrément bien ficelés qu’ils savent nous livrer. Logique étant donné qu’en termes de construction, leur formule s'axe précisément sur l'usage des six-cordes. Dernier point, la prod', également faite maison, demeure de très bonne facture et n'a rien à envier aux grosses pointures du genre.

Soyons d'accord, j'aime beaucoup et je respecte énormément SUMMONING. Cependant étant donné ce gros morceau d'excellente qualité dont vient de nous abreuver CALADAN BROOD, on ne peut décemment pas se contenter d'entendre parler, de manière contrite, de simple hommage : "Echoes Of Battle", pour un premier effort, est foutrement bien foutu !

Aparté collector : comme souvent pour ses productions qu'il juge prometteuses, Northern Silence Productions nous présente, outre la version standard, un digipack au format A5 et trois versions double-LP de ce premier album (chacun de ces formats présentant un artwork particulier). Nous noterons que les vinyles se trouvent agrémentés de deux reprises de SUMMONING, pas idéalement placées, mais toujours bonne à prendre, pour près de 90 minutes de musique.