Alors que l’après "Pyromania" s’annonçait sous les meilleurs auspices, la carrière de DEF LEPPARD a été brutalement mise en suspens suite au terrible accident de voiture dont a été victime Rick Allen et qui lui aura coûté un bras. Mais ce gars est un battant et il a réussi à adapter son jeu à une batterie montée exprès pour lui. Puis il y a eu ces problèmes de producteurs, Steinman ayant été un temps envisagé avant que Mutt Lange ne rentre au bercail. "Hysteria" est le fruit d’un long labeur mais est-ce un disque vraiment honnête ?

Parce que soyons honnêtes un instant. Vous virez la guitare de ce disque, vous avez un album sur lequel pourrait chanter Marc Lavoine à la même époque. "Hysteria", c’est de la Variété déguisée en Rock. La production de Lange est énorme, elle l’est trop justement. Elle cache un peu la misère des morceaux en gommant soigneusement ce qui aurait pu être du relief. C’est un brin clinique, ça manque cruellement de chaleur mais c’est fait pour cartonner sur les ondes, ce que les sept (sept putain !) singles ont fait avec des fortunes diverses, mais plutôt bonnes.

Et "Hysteria" ? C’est un disque sans puissance. Les chœurs sont présents, ça oui, mais sont-ils aussi bons que par le passé ? Sur le plan technique, oui, sur le rendu final, bof, ils ne font que rajouter du sucre à un ensemble qui l’est déjà trop. Et puisque l’on parle de sucre, "Pour Some Sugar On Me" est le genre d’erreur de la nature qui devient un hit, un morceau qui filerait des carries à Jon Bon Jovi himself qui pourtant s’y connaît en contrats d’exclusivité avec les dentistes.

Après, de nombreux morceaux ont des bases très solides : "Women", ou encore "Rocket" par exemple font une bonne entame d’album mais cela aurait pu être mieux si la guitare prenait de temps en temps le dessus, qu’elle se faisait un peu plus sauvage où qu’elle surgissait comme à l’époque où Pete Willis faisait parler la poudre. "Love Bites" est une ballade typique de l’époque, très sirupeuse, mais qui possède un je-ne-sais-quoi d’attachant même si nous sommes loin d’un "Too Late For Love" ou d’un "Bringin’ On The Heartbreak" (faut pas déconner non plus) question émotion dans les intentions.

Puis il y a "Gods Of War". Le morceau qui me fait fondre. Enfin, façon de parler. Pour moi, cette chanson sauve l’album non pas de la médiocrité, n’allons pas jusque là, mais de l’attrait commercial. Foncièrement Rock malgré ses effets électroniques et ses quelques chœurs un brin trop légers. Là, on voit que Rick Allen est vraiment capable de produire de bonnes choses avec son kit de batterie et que le groupe a encore quelques velléités vraiment Hard Rock, ce qui manque quand même cruellement à l’ensemble (et à ce titre, je sauve encore "Don’t Shoot Shotgun" qui se veut plus acérée même si elle n’aurait pas tenu sur "High’N’Dry" ou "Pyromania").

Mais ensuite, le vide. Quand j’entends "Hysteria", la chanson, je me dis que The POLICE s’est reformé en 1987 et que la bande à Sting n’était vraiment pas inspirée. Puis c’est Joe Elliott qui chante (et franchement, heureusement qu’il est là pour amener un peu de rudesse avec ses cris). Rarement entendu morceau-titre aussi peu inspiré. Alors, "Hysteria", l’album Rock le plus surestimé de sa génération ? Peut-être bien, surtout quand la même année un petit groupe montre qu’on peut casser la baraque avec un véritable album de Rock. GUNS N’ROSES ? ça vous dit quelque chose ?

Finalement, je mets la note de 3 à ce disque. Parce qu’il y a une masse de travail derrière, qu’il y a de l’ambition (peut-être pas une ambition pure et saine mais bon) et que finalement, sur les huit premiers morceaux, on tient un album plutôt concret et plaisant dans son ensemble. Mais c’est trop long, trop propre, trop inoffensif et ce n’est clairement plus du Hard Rock. DEF LEPPARD est entré dans un autre monde, celui du showbiz, pour le meilleur (mouais, les palettes de disque vendues) mais surtout pour le pire.

Note réelle : 2,5/5.