Après un "Carnival Diablos" qui présentait de jolies choses (non, je ne parle pas de la frimousse de Joe Comeau) mais un certain manque d’identité, ANNIHILATOR revient, avec son changement de musicien réglementaire, ainsi qu’une envie de botter des fesses à peine dissimulée. La pochette semble terriblement banale, mais le titre de l’album dégage une série de promesses qui brûlent l’imagination et croyez-moi, la mienne peut aller assez loin. Plus loin que celle de Waters ici, mais sérieux, le gars semble s’être sorti les doigts du luc pour balancer un excellent album.

Déjà, Jeff Waters semble avoir arrêté de vouloir rendre hommage à ses héros de jeunesse et là, il décide clairement de s’auto-congratuler, mais en gardant la tête froide. ANNIHILATOR n’a plus semblé avoir de telles tripes depuis bien longtemps. Si j’étais mauvaise langue, je dirais depuis "Alice In Hell", mais ce ne serait pas faire bonne presse au groupe qui mérite plus de louanges que de critiques ici. Si visiblement le budget alloué à la pochette a été ridicule (comme pour "Carnival Diablos" ?), il a été investi avec intelligence dans la production qui est juste énorme. Rarement ANNIHILATOR n’aura aussi bien sonné que sur ce disque.

Il faut dire, avec "Ultra Motion" en ouverture, difficile de faire la fine bouche. Waters compose là l’un des meilleurs morceaux de sa carrière, rapide, violent, Thrash à souhait et Joe Comeau est viscéralement bon derrière le micro. Il apporte ce qu’il faut d’agressivité pour que cette composition s’inscrive en lettres rouges dans la mémoire des Metalheads. Et surtout, le style ne sonne pas daté, même si l’on reconnaît tout de suite le style de Waters. Il parvient à s’inscrire dans son époque, en faisant évoluer sa musique de disque en disque. En même temps, quand il se penche trop sur son passé, il n’arrive pas à proposer des choses substantielles (cf "Criteria For A Black Widow").

Pourtant, le guitariste va se pencher sur un passé assez récent pour en capter une intention. Une volonté d’apporter quelque chose de différent en explorant une voie qui n’est pas aussi inédite que cela. Les relents Indus de "My Precious Lunatic Asylum" fonctionnent à merveille et s’intègrent parfaitement à un ensemble plus Heavy qui distribue les parpaings comme d’autres ont multiplié les pains. "Waking The Fury" pourrait être considéré à ce titre comme étant l’album de la renaissance pour ANNIHILATOR.

Évidemment, il y a quelques petits défauts. Des petites redondances qui viennent un peu alourdir le propos, un petit manque de variété qui n’altère pas le fait que la créativité semble à nouveau présente. "Waking The Fury" est une très bonne surprise pour le fan d’ANNIHILATOR, qui pensait qu’avec Joe Comeau, le groupe irait loin. En fait, il ne passera pas le prochain virage, Comeau claquera la porte après le "Live Annihilation", laissant tous les fans pantois. Mais y a-t-il un chanteur pour tenir la cadence, outre Jeff Waters ? Réponse au prochain numéro.