J'aime le bon Doom Metal. C'est une affirmation tout à fait stupide, mais qui me vient toujours à l'esprit quand j'écoute un bon album de Doom : oui, j'aime vraiment le bon Doom. Comme celui d'ANGELLORE, par exemple : en voilà, du bon Doom ; du Doom comme on aimerait que tous les groupes en fassent. Il y a tout ce qu'il faut dedans : mélodies mélancoliques, claviers envoûtants, chant teinté de tristesse… Les meilleurs ingrédients ont été réunis, l'agent chimique X y a été ajouté, et ainsi sont nées cinq incroyables chansons, comme par magie.

Quoique non, il n'y a rien de surnaturel dans la composition de "La Litanie Des Cendres" ; il n'y a qu'une utilisation appropriée de talents musicaux. En puisant dans les classiques du Doom gothique des années 1990, le trio avignonnais qui se cache derrière ANGELLORE a ressorti ce qui se faisait de mieux à l'époque afin de produire une œuvre prometteuse, quoique peu aventureuse. Tout y est d'une beauté fragile, d'une poétique délicatesse ; jamais excessif, toujours léger dans son exécution, cet album ne fait pas dans l'écrasement à la SWALLOW THE SUN : "La Litanie Des Cendres" est faite de cristal, pas de béton armé.

Ce disque serait la parfaite bande-son pour une balade romantique au Zentralfriedhof de Vienne par une belle après-midi d'automne : un pale soleil qui illumine les épitaphes des stèles funéraires, un vent doux qui soulève les feuilles mortes dans un ballet tourbillonnant de flammèches orangées, et les cris résonnants des corneilles mantelées qui brisent le pesant silence des lieux.

"La Litanie Des Cendres" est le pari réussi de faire du neuf avec du vieux, de remettre au goût du jour un style un peu désuet mais qui fait toujours rêver. Un must-have pour les nostalgiques – et les autres aussi, en fait.