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BLACK SYMPHONIQUE  |  STUDIO

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- Style : Ad Inferna, Cradle Of Filth
- Membre : Glaciation, Gravenoire

ANOREXIA NERVOSA - Drudenhaus (2000)
Par MEFISTO le 1er Juin 2009          Consultée 12091 fois

Dès que vous posez le regard sur cette grille chauffée par les flammes sur laquelle les lettres « AN » jaunies par le feu scintillent, vous êtes cuits. Brûlés, consumés par la curiosité attisée par un tel brasier de couleurs vives. Vous poussez la porte de l’enfer, dont vous ressortirez si abasourdi que tout ce que vous croyiez connaître en frais de Black Sympho semble dénué d’intérêt. Le courroux et la puissance de "Drudenhaus" vous anéantiront, pas la peine de verrouiller vos neurones, elles exploseront avec une lourde dose de C-4.

Pour votre culture générale, un « Drudenhaus » était un camp de prisonnier bâti en 1627 en pleine chasse aux sorcières. En 2000, c’était un des albums les plus violents jamais produits. Et ce fut un véritable coup de massue dans les jarrets de l’univers métallique, la scène Black en particulier. Oui, 2000 a eu son faux bogue électronique, mais a aussi accueilli un monument dans ses rangs.

"Drudenhaus", c’est l’avant-gardisme. Presque dix ans déjà depuis sa sortie. Dix ans. Et vous savez quoi ? Aucune ride ne s’est emparée de l’« innocence » de ce bâtard démoniaque. Pas une. L’album sonne aussi clairement qu’au premier crime et sa production sera aussi immense dans trente ans, voire quarante. Enregistrée au studio Drudenhaus, à Limoges, sa carcasse est d’une limpidité et d’une consistance à faire pâlir d’envie plus d’une formation.

"Drudenhaus", c’est un théâtre grotesque où les marionnettes, les pantins du Diable, viennent boire, fouetter les prostituées de mon maître et copuler de façon porcine. C’est un harem aux draperies kitsch empestant la Renaissance où toute illégalité est consommée sans modération, c’est une messe gothique barbare à la lueur des bougies pour laquelle les fidèles ont endossé leurs costumes les plus débridés. L’imagerie de "Drudenhaus" est décadente et sous-tend un je-m’en-foutisme rebelle et adolescent (y’a qu’à mater l’intérieur du livret pour rire un sacré coup !). Le quintette fait vraiment ce qu’il veut sur cette galette, il repousse les limites, tant au niveau des riffs, des orchestrations que des paroles chantées en anglais, en français et en allemand.

"Drudenhaus", c’est la violence aux premier, deuxième et troisième degrés. Premier lorsqu’elle est sauvage et disproportionnée sur la déjà légendaire "The Drudenhaus Anthem", quand Romarik d'Arvycendres, invité à ce bal grotesque, hurle la phrase la plus poignante de l’album : « Mais nous seuls nous étions condamnés ! ». Quand les premières notes véloces de "A Doleful Night In Thelema" font plonger les grands brûlés que nous sommes dans un bain de sang. Quand le groupe enchaîne férocement après un court break ("God Bless The Hustler"), ne laissant pas de répit ou d’oxygène à nos oreilles passablement asservies. Le deuxième degré se traduit essentiellement par le chant rageur et ahurissant de Hreidmarr ("Divine White Light Of A Cumming Decadence"), absolument monstrueux de robustesse… Il crie comme une corneille en chaleur la plupart du temps, mais sait aussi exploiter sa voix presque normale lorsqu’il chante en français. D’ailleurs, voici le troisième degré de cette violence imbibant cette apocalyptique création.

Extrait de "Dirge & Requiem For My Sister Whore", dont la teneur « exotique » ne choque pas, car elle est suffisamment noyée par le musical rouleau compresseur à grande vitesse. Cette poésie passe comme un couteau dans le beurre :

« Déchirons leurs entrailles
Je veux baiser leurs tripes
Remplissons-les de foutre et de merde jusqu'à vomir de plaisir
Il faut brûler ces corps et broyer ces membres impurs
Buvons notre haine, régalons-nous de leur misère
Je veux leur arracher les yeux
Les sodomiser avec leurs langues
Sculpter une idole de la luxure pour la profaner aussitôt... »

"Drudenhaus", ce sont des musiciens à la maîtrise parfaite, à commencer par celui qui, à mon sens, vole le show, même si ANOREXIA NERVOSA est loin d’être un faire-valoir pour un seul individu : Neb Xort. Qu’il fasse gémir son violon, palpiter son synthé ou briller son piano, il déchire à coup sûr, jetant des couches et des couches mélodiques hallucinantes. Sa performance est, disons, supersonique ! Les cordes de Stefan Bayle et Pierre Couquet consolident la débauche grâce à une dextérité troublante. Le mot est faible, car lorsqu’on se farcit l’album deux à trois fois d’affilée, il est incroyable de constater le nombre de grattes qui ponctuent ce festin. Nilcas Vant est enfin très copieux derrière les tambours de sa machine de guerre et tient une cadence stupéfiante de la première à la dernière baffe.

"Drudenhaus", c’est une perle dont le lustre n’est pas près de s’estomper. Pas simplement à cause de son avant-gardiste irréprochable, mais parce que toute la colère, ce feu intérieur qui carbonise les pyromanes français, cette luxure excessive dépeinte sur les différents tableaux scandaleux de l’opus, sont jubilants.

Dix ans après sa sortie, "Drudenhaus" continue de fasciner par sa justesse, son agressivité et sa surabondance d’absinthe mélangée à de la dynamite. Dès que la grille se referme sur votre carcasse à la curiosité rassasiée ("The Red Archromance"), vous saviez que vous vous fourriez dans la gueule du loup en approchant de ce jardin enflammé. Mais l’appel était trop fort.

Dix ans après, vous en avez encore des secousses et vous ne cesserez pas de trembler de sitôt.

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- Stefan Bayle (guitare)
- Nilcas Vant (batterie)
- Hreidmarr (chant)
- Pierre Couquet (basse)
- Neb Xort (violon, synthé, piano)


1. A Doleful Night In Thelema
2. The Drudenhaus Anthem
3. God Bless The Hustler
4. Enter The Church Of Fornication
5. Tragedia Dekadencia
6. Divine White Light Of A Cumming Decadenc
7. Dirge & Requiem For My Sister Whore
8. Das Ist Zum Erschiessen Schön
9. The Red Archromance



             



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