Le voilà enfin, le successeur du mémorable "Verses Of fire" ! Les Français de TEMPLE OF BAAL sont diablement productifs !

"Mysterium" peut être considéré comme une collection de méditations, de prières, portant sur les mystères de la Foi et les dieux de la magie noire, commentait le groupe avant la sortie récente de ce très bon opus.

J'aime bien le mot méditation, qui se détache clairement du lot et qu'on ne retrouve pas assez souvent dans le jargon du Black. Car s'il y a un style qui appelle à l'introspection, grâce à ses atmosphères scotchantes et ses mélodies dantesques, c'est bien le Black… Non, le Black n'est pas que baston ou indécrottable crasse, cela même si la production, comme c'est le cas chez TEMPLE OF BAAL, est imparfaite et empeste le souffre et l'humidité. "Mysterium" est bel et bien une merveilleuse collection de prières obscures, attendez-vous à une orgie planante et décapante comme sur "Verses Of Fire". Cinquante-cinq tours d'horloge qui s'égrainent tranquillement, mais sûrement.

Dès que les neuf minutes de "Lord Of Knowledge And Death" se seront écoulées, vous serez conquis ou… Non, pas d'autres options. Comment en serait-il autrement, à moins d'avoir de la mauvaise foi dans les conduits ? Savourez-moi cette mélodieuse complainte musclée et essayez de ne pas être allumé ! Quel départ canon ! Et ça ne traîne pas ; jusqu'à l'interlude "Dictum Ignis", on a droit à un feu roulant de riffs mortels, d'ambiances crépusculaires et abrasives et d'une subtile dose de clarté (sans doute la facette Death de l'ensemble). Non mais, pouvez-vous résister à ce putain de groove sur "Hosanna" ? Des obus explosant dans la boue, voilà ce que c'est ! Et leurs déflagrations sont parmi les plus précises de 2015 dans mon cas.

La seconde moitié de ce monstre est tout aussi malveillante et même un peu plus noire que la première. Comme si on s'enfonçait davantage à chaque pas dans le bourbier né des incantations des Français. La vicieuse finale "All In Your Name" est un peu l'antithèse de la poignante "Lord Of Knowledge And Death" et vient achever un parcours sans trop de heurts ni faiblesses.

TEMPLE OF BAAL conserve notre attention durant au moins 90% du temps, dépendamment des goûts bien sûr, mais on ne peut faire autrement que de lui donner le bénéfice du doute. Disons que la marée de guitares déchaînée de solos, le mix parfaitement adapté et le chant colossal d'Amduscias forment un trio de stimulants assez actif… "Mysterium" contient en fait tout ce dont l'initié a besoin pour avoir sa dose et clouera le néophyte au mur en le burinant pour longtemps.

Une coche au-dessus de "Verses Of Fire", car peut-être plus consistant et hétérogène. Il fallait le faire ! Et hop la Sélection, amplement méritée !

Les deux albums forment ainsi l'alpha et l'oméga de ce que pourra accomplir le groupe ; je crois sincèrement que les Français ont atteint l'apex de leur pyramide. Le temps nous le confirmera, mais je ne demande pas mieux. "Mysterium" est un sacré disque, il tournera et passionnera longtemps.

Quelle transformation quand même ; en deux albums, les Français ont réussi à réajuster le tir. Mieux, TEMPLE OF BAAL s'impose comme un des meneurs de son écurie. Après vingt ans, c'est ce qu'on appelle la rançon de la gloire.

Note : 4,5/5.

Podium : (or) "Hosanna", (argent) "Lord Of Knowledge And Death", (bronze) "Holy Art Thou".