Eh ben punaise, voila une reformation qui valait le coup. Quelle bonne idée Richie Blackmore avait eu de ressusciter son arc-en-ciel pour accoucher d'un nouveau petit chef d'œuvre. Car c'est bien ce qu'est "Stranger In Us All". Le line-up est totalement renouvelé et l'excellent Joe Lynn Turner cède le micro à un Doogie White au mieux de sa forme. Blackmore, tout juste démissionnaire du pourpre, cette fois de manière définitive, sans Dio et sans Turner ? Ça devait paraître mal barré vu sous cet angle. Et pourtant...

Qu'il s'agisse de la qualité irréprochable du son, de l'excellent niveau technique des musiciens ou de qualité des compo, cet album très bien ficelé ne saurait que difficilement souffrir la critique. Ses moments forts, le très... spécial "Hunting Humans", l'orientalisant "Ariel", le culte "Hall Of The Mountain King", reprenant les plus grands hymnes du célèbre compositeur KRIEG et, bien entendu, "Still I'm Sad", dans une version studio moderne rendant enfin dignement hommage à cette géniale reprise des YARDBIRDS, sont ni plus ni moins un condensé de ce que Blackmore a toujours su faire de meilleur, qu'il l'ait fait dans le cadre de DEEP PURPLE aussi bien que dans celui de RAINBOW.

Si l'on fait abstraction du gentillet "Wolf To The Moon", trop attendu au tournant à mon goût, cet album album est une série de réussites. La voix de White est en tous points semblable à celle de Turner et produit les mêmes effets, Blackmore n'avait pas été aussi inspiré depuis des années à la guitare et la nouvelle formation officie avec beaucoup de cohérence. Bien que dans la lignée du très controversé "Slaves and masters", le meilleur album de RAINBOW par un DEEP PURPLE alors asservi par la dictature Blackmorienne, "Stranger In Us All" lui est supérieur en tous points et réussit partout où il avait échoué. Testament d'un grand groupe, cet album est très probablement le meilleur de l'arc-en-ciel depuis "Long Live Rock'n Roll". Quel dommage que Blackmore ait renoncé à poursuivre son projet quelques mois plus tard...