Il est déstabilisant de constater qu'il n'y ait finalement que peu de choses à dire sur le premier album d'ALICE COOPER, artiste majeur pourtant. "Pretties For You" n'est au fond qu'un album parmi bien d'autres sortis à cette époque où le psychédélisme a envahi les productions Pop et Rock. Il ne se distingue aucunement de la masse, et il est encore plus dingue de constater que le chant est certainement l'élément le plus lambda de cet album. Vincent Furnier se contente ici de chanter normalement, la rocaille n'est pas là, la gouaille non plus, son ton pernicieux n'est pas encore de mise. Tout ce qui fera l'intérêt de son chant est absent. On est face à un chant Pop Rock très commun, bien loin d'égaler les BEATLES, son idole Jim Morrison ou un Rod Evans plus talentueux dans un registre similaire.

C'est donc finalement plus sur les instrumentistes que l'on va s'attarder. "Sing Low, Sweet Cheerio" possèdent quelques passes d'armes intéressantes. Michael Bruce et Glen Buxton s'expriment longuement tout au long de l'album, tant à la guitare qu'aux claviers ("Fields Of Regret"). Ils s'affirment déjà comme des musiciens très compétents, mais le problème, ce sont les compos. On ne retient pas grand-chose de ce gloubi-boulga psychédélique, tout au mieux quelques prémices de ce que le groupe saura produire de plus glauque par la suite ("Levity Ball", et surtout "Changing Arranging" et ses riffs précurseurs de "The Black Widow"), et des expérimentations plus qu'hasardeuses ("B.B On Mars").

Entre le manque de charisme du chant (ça fait drôle d'écrire ça !), des sonorités trop lancinantes et des titres qui donnent le sentiment d'être bien longuets sauf si vous êtes dans un trip fumette, c'est finalement l'ennui qui va s'imposer et un sentiment de déception. Oui, de déception, car "Pretties For You" n'a pas été un succès à sa sortie, si aujourd'hui on l'écoute c'est à des fins rétrospectives pour découvrir les débuts d'ALICE COOPER et on en ressort avec l'impression que décidément si cet album n'a pas marché, cela n'a rien d'une injustice. En plus, la pochette est moche (la peinture originale trônait dans le salon de Frank Zappa, producteur fictif de cet album : il a brillé par son absence).