Et si un jeune groupe anglais alliait les meilleurs ingrédients de MASTODON, EARTH BURNT BLACK (groupe américain de Doom Prog auquel on le compare), CANDLEMASS et même PRIMORDIAL ? Ah ben merde, oui, vous vous lanceriez sur "Conduit" sans perdre une seconde ! C'est ce que j'ai fait et force est d'admettre que ce quintette originaire de Brighton vaut le déplacement.

Et comme beaucoup de groupes modernes, KING GOAT est un cœur à prendre. Les formations célibataires de qualité sont décidément nombreuses depuis quelques années, comme quoi les labels les ont forcés à perpétuer l'expression « On n'est jamais mieux servi que par soi-même ». Le marché étant ce qu'il est (débalancé entre l'offre et la demande), on ne devrait pas s'étonner de voir des disques-tremplins de la trempe de "Conduit" débarquer sans collier par dizaines.

Et comme liberté est synonyme de créativité sans limite, KING GOAT se lâche comme un poulain qui a sauté la clôture. Certes, je ne peux m'empêcher de le surnommer le "british MASTODON", mais ce que le groupe offre sur "Conduit" est avant tout cinq titres groovy, travaillés et accrocheurs à souhait. Il y a davantage de Prog que de Doom dans ce Metal lourdingue, ponctué de quelques bidouillages ici et là, mais surtout d'une excellente section rythmique.

Et que dire d'Anthony Trimming, un des meilleurs chanteurs du genre qui m'ait été donné de croiser. Quel timbre, quelle puissance, mes aïeux ! Encore une fois, MASTODON est proche, mais "Trim" m'a aussi fait penser à Matt Barlow en raison du registre aussi étendu de son organe vocal. Ce type est une vraie bête déchaînée derrière le micro. N'eut été de la qualité musicale de KING GOAT, il aurait tout avalé. Heureusement que le disque passionne d'un bout à l'autre pour sublimer les aptitudes du combo ! Mais bon, sans rien enlever aux autres, ce sont surtout les prouesses de Trimming qui m'ont harponné, en compagnie de quelques excellents riffs et ambiances.

À ce sujet, difficile de se situer dans un univers précis. On nous dit que KING GOAT explore la solitude (allo, le Doom !) et la fiction, ce qui me plaît davantage comme thématique dans ce style. L'espèce de pantin sur la pochette pourrait nous aiguiller vers un avenir incertain où nous sommes tous des marionnettes condamnées à danser sur un fil enflammé (allô, Metal !). L'important est que la musique des Anglais résonne dans notre âme comme ces passages lyriques dont "Conduit" est constellé et qui viennent habilement s'insérer entre des tranches plus grasses du cake. Un cake enfourné et produit à la bonne température.

J'adore aussi les mélodies nerveuses ou planantes que KING GOAT placarde sur ses cinq morceaux de présentation. Les appâts sur "Flight Of The Deviants", le refrain obese de "Feral King", la voix féminine qui se pointe pour embellir "Conduit", la dualité des intensités sur "Revenants" (qui m'a fait penser à du CALLISTO) et l'écrasante fermeture "Sanguine Path" et sa seconde moitié viandée à souhait, tout ça vaut son pesant d'or. Et encore, je ne veux pas tout vous dire, car à quoi aura servi cette chronique ?

Un futur incontournable de la scène Doom et Prog, un nouveau joyau dans la plus pure tradition du Metal anglais torturé et occulte, KING GOAT est une brise que tous voudront recevoir en pleine poire. Un must pour les fans des groupes cités plus haut et pour les mordus de Metal à vitesse très modérée qui sait aguicher autrement.

Vivement la suite, car cet album "conduit" sûrement au sommet !

Podium : (or) "Revenants", (argent) "Flight Of The Deviants", (bronze) "Conduit".