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DARK WAVE  |  STUDIO

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LACRIMOSA - Einsamkeit (1992)
Par DARK BEAGLE le 30 Juillet 2016          Consultée 4824 fois

Deux ans après un premier disque intéressant et intrigant à la fois, LACRIMOSA, ou plutôt Tilo Wolff revient à la charge avec "Einsamkeit" avec sa pochette un brin brouillonne, mais très réfléchie. Rappelez-vous celle de "Angst", qui présentait une espèce de foire, animée, sous un ciel qui s’assombrissait ; ici, nous en avons le parfait contrepoint. Alors que les nuages se font plus rares, nous retrouvons notre Pierrot/Arlequin (pas ma faute s’il est un mix des deux) qui se morfond dans un paysage désolé, qui pourrait très bien être ce champ de foire, déserté ; une idée qui correspond très bien à la chanson-titre. Mais nous y reviendront plus tard.

Cette fois-ci, Wolff ne va pas se la jouer solo, il va s’entourer de musiciens qui vont l’épauler pour l’enregistrement de l’album. Ainsi, Stelio Diamantopoulos, l’auteur de la jaquette, va se retrouver à tenir la basse, les claviers étant assuré par le Suisse Philippe Alioth, qui avait déjà aidé quelque peu le jeune homme sur Angst. La guitare sera l’œuvre de Roland Thaler, un certain Eric The Phantom apportera un violon discret. Tilo Wolff se chargera tout de même de la batterie, de parties de piano et du chant, sans oublier l’écriture, mais le fait de ne pas avoir tous les instruments à sa charge va lui permettre de voir plus loin, d’imaginer une musique plus ample.

"Einsamkeit" se démarque largement de son prédécesseur par sa plus grande diversité et sa volonté d’embrasser le plus de sonorités possibles. "Tränen Der Sehnsucht", qui ouvre l’album, toujours joué en concert aujourd’hui, suffit à se rendre compte que LACRIMOSA a fait un énorme pas en avant. La musique est plus subtile, plus ambitieuse également. Wolff parvient à créer des pièces à la fois aériennes et pesantes, subtiles, où la mélancolie se dispute à la force. Bien sûr, nous sommes encore loin du Metal, les influences Batcave sont encore très présente, même si la guitare s’insinue de plus en plus à travers les compositions, à la fois timide en englobante.

Le morceau-titre va quant à lui tirer vers quelque chose de différent, assez abscons aux premiers abords, mais imparable une fois que l’on rentre dans le délire. Une orgue de barbarie vient nous cueillir avec son air guilleret, qui évoque aussi bien le cirque que la foire ; la cassure avec la mélopée qui s’ensuit est brutale, sévère. "Einsamkeit" signifie « solitude » en allemand et le désespoir qui transparaît à travers la musique et les paroles transpire à chaque mot, chaque note. Il ne faut pas être dépressif pour pénétrer dans l’univers de ce morceau, écho parfait d’une pochette dévastée. Et au final, alors que le spleen nous a envahi, Wolff va s’ingénier à nous briser une dernière fois en revenant à la charge avec l’orgue, comme pour se moquer de nous. Ou de lui-même.

Et si l’album se voulait plus dynamique sur le début, passé l’anarchique "Diener Eines Geistes" tout sombre dans la mélancolie la plus profonde et l’album prend une tournure plus poignante. La longue pièce "Loblied Auf Die Zweisamkeit" traîne un petit peu, mais s’avère intéressante à travers sa construction compliquée, tandis que "Bresso" clôture l’album de la plus sinistre des façons, comme une psalmodie funeste. L’aspect Gothique est omniprésent, il se dégage de partout, mais il reste teinté d’une Dark Wave qui tend à s’éteindre pour laisser la place à quelque chose de plus Rock, de plus dur.

Six morceaux peuvent paraître un petit peu juste pour juger d’un album. Mais avec LACRIMOSA, nous entrons dans un univers où l’amour est forcément tragique, où la noirceur se dessine à travers de larges influences puisées de la musique classique, MOZART en tête, jusqu’au David BOWIE excentrique de "Scary Monsters", en passant par des choses plus underground. Parfois un peu caricatural, parfois angoissant dans sa ténébreuse beauté, les titres qui constituent "Einsamkeit" font passer un palier artistique au jeune Tilo Wolff, qui vient confirmer tout le bien que l’on pensait de "Angst".

De la première partie de la carrière de LACRIMOSA, "Einsamkeit" est l’album le plus musical et par conséquent, le plus attachant. Sans être parfait, il commence à dessiner les contours d’un futur possible. Il demeure de ce fait essentiel pour comprendre ce que sera ce projet quelques années plus tard tant il amène quelques pièces essentielles dans la définition même de ce que doit être LACRIMOSA dans l’esprit torturé de Tilo Wolff. Il est également l’opus le plus accessible de la trilogie initiale.

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Par DARK BEAGLE




 
   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Tilo Wolff (chant, piano, synthé, batterie)
- Roland Thaler (guitare)
- Philippe Alioth (claviers)
- Stelio Diamantopoulos (basse)
- Eric The Phantom (violon)


1. Tränen Der Sehnsucht (part I & Ii)
2. Reissende Blicke
3. Einsamkeit
4. Diener Eines Geistes
5. Loblied Auf Die Zweisamkeit
6. Bresso



             



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