Album ô combien décrié succédant à un "Nine Lives" de bonne facture, "Just Push Play" n’en est pas pour autant l’innommable bouse dont bon nombre de fans semblent le penser.
2001, l’odyssée de la Musique pour AEROSMITH ? On ne peut pas dire ça non plus mais il faut replacer avant tout ce disque dans son contexte d’alors. Pour changer, les cinq "bostoniens" ne se parlent quasiment plus, et prennent le soin de ne pas se croiser durant leurs séances d’enregistrement… Forcément, ça ne facilite pas les échanges d’idées et la passion, mais aboutit à quelque chose d’assez poussif c’est vrai, un peu boursouflé aux encablures, qui plus est co-écrit et co-produit par le duo de professionnels, faiseurs de tubes Hudson/Fredericksen dans son intégralité !

"Jaded", single émérite n’en fait heureusement pas les frais et s’avère être très plaisant avec un goût de « reviens-y » ! Tyler met tellement de conviction dans son chant et ses cris de chats qu’on ne peut qu’adhérer de toute façon. Même lorsque le sirop de glucose arrose la ballade "Fly Away From Here", on se prend à en apprécier sa substance sans trop sourciller. Il y a évidemment, et c’est là que la bât blesse, des titres indignes de ce groupe légendaire, comme "Drop Dead Gorgeous" par exemple, qui nous laisse plus que perplexe.
Mais "Just Push Play" est un album correct, avec même quelques fulgurances s’il on est patient, puisqu’il faut attendre la dernière plage, la 13, pour dénicher LA pépite, "Face", électro-acoustique qui n’est pas une ballade, mais qui fait plutôt penser dans sa construction au "Journey Of 1,000 Years" de Simmons, paru aussi en dernière piste sur le "Psycho Circus" du BAISER. Absolument touchante et qui dégage une certaine émotion.

Le double problème de cet album, pas si mauvais au final, est tout d’abord cette production ignoble, avec ce son de batterie triggé tout bonnement insupportable pour nos pauvres esgourdes, sans parler des guitares inaudibles de la paire magique « Perry / Withford » !
A trop vouloir (sur) produire un album, on en revient à lui enlever sa sève, sa saveur…
Et puis ce manque d’alchimie des musiciens qui transparaît à chaque instant ou presque est indécent pour des amis d’aussi longue date, quand bien même partenaires de jeu d’un business qui n’a cure des états d’âmes, il faut le dire aussi…

AEROSMITH n’aura jamais à rougir de sa discographie, et cet album est à ranger du côté des déconvenues d’un groupe exceptionnel qui a joué de chance et de malchance à un niveau égal durant toute sa longue carrière.