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SNAKESKIN - Tunes For My Santiméa (2016)
Par DARK BEAGLE le 18 Décembre 2016          Consultée 5942 fois

En 2015, Tilo Wolff célébrait les vingt-cinq ans de LACRIMOSA comme il se devait, avec un album agréable à défaut d’être transcendant. C’était un peu comme si on vous promettait un Dom Pérignon et que l’on vous servait une Clairette de Die. Le breuvage se boit, mais le goût n’est pas le même et la gueule de bois, le lendemain, ne se vit pas pareil. Peut-être conscient de ce fait, Wolff décide de se remettre très vite au travail, mais cette fois ci, pas avec LACRIMOSA, mais avec SNAKESKIN, son projet Electro qu’il avait laissé sous silence pendant dix ans. On dit souvent que plus c’est long, meilleur c’est (dicton que METALLICA a tourné en ridicule plus d’une fois), il restait à savoir si Wolff allait savoir mettre cela en pratique.

"Tunes For My Santiméa" est un disque bizarre aux premières écoutes. Il ne dégage pas la même puissance que ses deux grands frères, il se veut plus posé, réfléchi. Mais contrairement à ce que laisse supposer la pochette un rien lubrique, ce disque se dévoile petit à petit, avec douceur et, parfois, une certaine frénésie qui confine à la schizophrénie. Wolff va s’ingénier à brouiller les pistes tout en gardant une ligne directrice proche de ce qui a été fait.

Pourtant, difficile de croire que l’on va se retrouver sur du terrain connu quand résonne les notes romantiques de "Le Seul Vrai", où l’on a le plaisir de retrouver la cantatrice Kerstin Doelle, qui posait déjà sa voix sur "Canta’Tronic". Ici, elle le fait en douceur, laissant la musique prendre de l’ampleur, en l’accompagnant de son chant qui monte crescendo, sans jamais exploser. Il y a beaucoup de maîtrise pour ne pas franchir cette fameuse ligne invisible, celle qui fait qu’un morceau peut partir en couille irrémédiablement. La tentation de le faire doit être tenace. Ici, non. Wolff se restreint, il ne se laisse pas aller à la facilité.

D’ailleurs, il tient le micro une première fois sur "Moonlightfire", qui n’aurait pas dépareillé sur le dernier LACRIMOSA avec une guitare électrique en plus. On est parfaitement dans les codes du projet Gothique, avec cette part d’ombre qui recule pour dévoiler une certaine forme de spleen. Et cela en devient frustrant vis-à-vis de LACRIMOSA qui n’a pas bénéficié du même niveau de composition. Mais là encore, on est sur quelque chose de soft, d’un point de vue Electro. Il faut attendre le troisième morceau, "Alive", pour rentrer de plein pied dedans. "Alive", c’est joyeux, ça tranche complètement, mais ça donne envie de taper du pied ! Wolff en profite pour introduire une nouvelle chanteuse dans l’univers de SNAKESKIN, en la personne de Carina Böhmer. C’est là que vous me demandez qui est cette charmante personne et que je vous réponds que j’en n’en sais fichtre rien et que finalement, on s’en fout (si. Sérieux. Mon niveau d’allemand ne m’autorise pas à faire des traductions maladroites).

Son apport est intéressant. Elle rejoint le groupe et y amène de la fougue, elle est parfaite pour les morceaux qui bougent le plus, quand Kerstin Doelle est employée sur les titres les plus baroques, comme "Santiméa" ou "La Vie Passée" et son clavecin passé à la moulinette des samples. Chacun est bien à sa place finalement. Carina Böhmer est à l’aise sur les morceaux les plus entraînant, ceux qui seront vulgairement qualifiées de musiques de club, Tilo Wolff se veut plus pertinent sur ceux qui mettent mal à l’aise, à l’image de "Keep Me Alive !" qui n’a rien d’enjoué, loin de là.

On retrouve également la formation classique qui s’occupe d’embellir les compositions de LACRIMOSA sur "La Vie Passée" et "Go !". Cela reste assez discret, mais quand on tend bien l’oreille, on capte ces petites subtilités, menées par l’ensemble de cordes qui suit les travaux de Tilo Wolff depuis quelques années déjà maintenant. Le mariage se passe plutôt bien, on évite le côté capharnaüm et cacophonique que l’on pouvait légitimement craindre. Tout a été bien pensé, mais difficile de parler de calibrage. Certains morceaux sont très longs, complexes dans leurs structures, d’autres au contraire se veulent plus court, plus catchy. De l’ombre, de la lumière, de la colère et de la douceur. Le spectre est plus large qu’auparavant, plus intéressant aussi.

Et si tout cela semble bien bordélique, il y a une espèce d’équilibre qui se créé. Rien ne semble déplacé et certaines structures sont toujours là pour rappeler LACRIMOSA et qui satisferont (peut-être) les oreilles des fans de ce groupe. "Tunes For My Santiméa" s’achève sur "Recall III" (ben tiens, je vous parlais de METALLICA plus haut, on y revient !), où les trois chanteurs sont réunis. Ici, l’ambiance est bizarre, très oppressante, avec ses changements de mélodies parfois étranges, ses montées en puissance, ses moments plus langoureux. Une note finale étrange donc, mais appréciable, qui fait la nique à ses grandes sœurs de bien belle façon.

SNAKESKIN franchit un palier sur ce disque. Après deux efforts qui ne tenaient pas toutes leurs promesses, le projet commence à prendre une tournure très intéressante, qui va combiner musique de chambre et Electro, volonté Rock et samples technoïdes sans la moindre vergogne, mais avec une certaine réussite. "Tunes For My Santiméa" aurait pu apparaître en sélection, ce qui n’est pas le cas. Il le mériterait et ce serait parfaitement assumé, tant le disque est entier et bien construit. Tout s’enchaîne bien et pourtant, chaque titre est différent de celui qui lui précède ou lui succède, les ambiances sont changeantes, la linéarité n’est pas de mise. Bref, du très bel ouvrage, qui mérite ses quatre étoiles.

Note réelle : 4,5/5. Mais le disque, aussi bon qu’il soit, ne mérite pas les cinq étoiles.

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Par DARK BEAGLE




 
   DARK BEAGLE

 
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- Tilo Wolff (chant, programmation, samples)
- Kerstin Doelle (chant)
- Carina Böhmer (chant)
- The Lacrimosa Session Orchestra


1. Le Seul Vrai
2. Moonlightfire
3. Alive
4. Santiméa
5. Go !
6. Heartbeat
7. La Vie Passée
8. Keep Me Alive !
9. Take Me Now
10. Recall Iii



             



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