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DOOM METAL  |  STUDIO

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2015 Absolution
2016 Hunted
2018 Desolation
2021 Deceiver

E.P

2020 Doomed Heavy Metal
 

- Style : Black Sabbath, My Dying Bride, Saint Vitus, Anathema, Mammoth Storm
 

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KHEMMIS - Hunted (2016)
Par DARK BEAGLE le 13 Février 2017          Consultée 8636 fois

Il y a certains albums que l’on rate complètement. Ils passent sous nos yeux, mais l’on ne s’arrête pas dessus, ou on l’écoute d’une oreille distraite. Le son peut titiller l’oreille, il peut même se graver dans la mémoire de façon très subtile, pourtant ils ne restent pas sur la platine plus que cela. C’est un peu le cas d’"Absolution", le premier opus de KHEMMIS, injustement passé à la trappe en 2015. Malgré des qualités évidentes, ce disque de Doom soigné est passé complètement inaperçu en nos contrées. "Hunted", le nouvel album, connaît quant à lui une mise en lumière différente, même si la jaquette reprend des éléments propres à "Absolution". Et cela provient certainement du fait que ce nouvel essai surpasse de la tête et des épaules le précédent, déjà pétri de qualités.

Revenons rapidement sur la pochette ; elle a un petit côté kitsch qui sied bien à ces jaquettes qui puisent l’inspiration dans l’Heroic Fantasy. On contemple cet être effrayant que l’on pourrait assimiler à la Mort ou à un Seigneur Ténébreux, tandis que le verso nous présente les protagonistes que nous trouvions déjà sur celle d’"Absolution", à savoir le Sorcier et la Guerrière. Il y a donc une continuité thématique intéressante, KHEMMIS forge une partie de sa personnalité sur le visuel. Si cela semble impliquer un Heavy Metal Epique, sur disque la vérité est toute autre et au final, ce n’est pas forcément un mal.

Pourtant, il y a bien un vent épique qui souffle sur les cinq compositions qui forment "Hunted". S’il fallait schématiser et résumer l’œuvre, faire un parallèle avec le Elric de Melnibonée de Michael Moorcock n’est pas une hérésie. L’écrivain, à l’origine, faisait de la sword & sorcery, ce genre de récits courts et héroïques qui étaient l’apanage de la fantasy des années trente, façon Fritz Leiber ou Robert E. Howard. Et les histoires de Moorcock ont cette propension à voguer au gré des sentiments de son héros Albinos, souvent victime de moments de spleen, voire du désespoir le plus profond. Des montagnes russes émotionnelles en continu, sur fond de violence et de mort. Et la musique de KHEMMIS, c’est exactement cela.

Ne vous fiez donc pas au nom du groupe – une ville d’Égypte vue par les Grecs, il n’y a rien d’arabisant dans la musique de la formation. Nous faisons face à un Doom très inventif ; les chansons ne tournent pas autour de deux ou trois riffs (l’ambition et l’arrogance de certains combos n’a pas de limites !), les mélodies évoluent constamment, rien n’est figé. KHEMMIS n’a pas peur de faire bouger ses compositions, de s’aventurer vers des voies auxquelles les auditeurs – nous, en l’occurrence – ne s’attendent pas forcément, comme cette introduction très Stoner dans l’esprit avec cette batterie très Rock’n’Roll, au groove imparable, sur "Three Gates".

Nous savons peu de choses sur les musiciens de Denver, Colorado. Ben Hutcherson était en charge de la guitare chez BURIAL WITHIN, une formation dont le seul grand fait aura été la sortie d’un EP en 2009, avant de splitter dans l’indifférence générale et que Zach, le batteur, est plus connu sous le nom d’Antinom, évoluant dans des combos Black Metal comme DAGON ou VASAELETH. KHEMMIS, formé en 2012, est donc un groupe très jeune, mais qui fait preuve d’une maturité rare, très rare. Il suffit de constater l’évolution du son entre Absolution et "Hunted". Il est ici plus lisse, mais il ne perd en rien se force évocatrice et le travail de composition est toujours plus aventureux, plus ambitieux également, sans que cette ambition ne ruine les idées amenées.

Nous nous retrouvons face à un Doom qui a bien assimilé les leçons des Grands Anciens, ces BLACK SABBATH ou encore ces ST VITUS qui auront beaucoup apporté à ce paysage musical souvent désolé, beau dans cette désolation. Mais il y a aussi tous ces moments plus rugueux, plus sombres, où le chant devient plus guttural, à l’instar du lancinant "Candlelight", quand le chant ne va pas tutoyer une formule plus proche des rites interdits du Black Metal ("Beyond The Door", qui contient également quelques-uns des moments les plus calmes de cette œuvre, une des pièces maîtresse de l’album). Quant à la chanson titre, elle joue habilement avec nos nerfs, avec cette guitare qui n’est pas sans évoquer les lignes mélodiques de IRON MAIDEN et qui s’allonge sans en avoir l’air sans jamais paraître interminable.

Et loin d’être monotone – ce qui est pas forcément un défaut dans le Doom, la monotonie pouvant créer un sentiment d’écrasement intéressant quand elle est bien maîtrisée – la musique sait donc se faire épique, une force qui nous prend à la gorge dès "Above The Water", l’ouverture géniale de ce disque qui s’impose au fil des écoutes comme l’un des monuments de l’année 2016 sans y paraître plus que cela. Nous nous laissons prendre au piège de ces artisans et nous nous retrouvons enchaînés à leur musique à la fois Heavy, mélancolique, voire triste dans ses moments les plus intimes.

Bien sûr, nous pouvons reprocher à ce "Hunted" de ne compter que cinq morceaux pour quarante-trois minutes. Pourtant, il n’y a rien de gênant là-dedans, nous terminons l’écoute de l’album avec un sentiment de satiété. Nous sommes repus de ce Doom qui se détache de la concurrence et qui pourrait très vite devenir conquérant si KHEMMIS persiste dans cette voie sans se défaire de sa qualité d’exécution. Pourquoi vouloir systématiquement plus quand ce qui nous est proposé se suffit largement à lui-même ?

Avec "Hunted", KHEMMIS met un pied dans la cour des grands. Il lui faudra encore prouver que ce n’est pas là qu’un coup de chance et qu’il y a bel et bien un vrai talent qui se dissimule au milieu de tout cela. L’album laisse une impression de force, de finesse et d’une obscure mélancolie et pourtant, il va s’adresser à un public large et varié sans qu’il ne soit choquant pour l’un ou l’autre. Voilà un ouvrage finement ciselé qui mérite largement que l’on s’y arrête, qu’on lui laisse une chance. Bien sûr, l’accroche n’est pas forcément immédiate. Mais laissez-lui une petite chance de s’exprimer et vous risquez fort d’en devenir complètement accroc.

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Par DARK BEAGLE




 
   DARK BEAGLE

 
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- Phil (guitare, chant)
- Ben (guitare, chant)
- Dan (basse)
- Zach (batterie)


1. Above The Water
2. Candlelight
3. Three Gates
4. Beyond The Door
5. Hunted



             



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