"Unplugged In New York" est le live acoustisque le plus vendu de tous les temps. Oui, mais ventes d'albums n'est pas forcément synonyme de qualité. Et ce n'est pas parce que des millions de gens adhèrent à une bouse que ce n'en est pas une.


Replaçons les choses dans leur contexte: après que Kurt Cobain ait annoncé au monde entier son départ à la retraite et son désir de vacances à durée illimitée, Geffen savait qu'il y avait des montagnes de brouzouf à se faire en commercialisant ce disque. Si Kurt Cobain n'était pas parti se dorer la pilule sous le torride soleil islandais, il n'est pas du tout certain que cet album serait sorti un jour.
Ensuite, on constate que NIRVANA a succombé à la mode "MTV Unplugged". Tiens, tiens, étonnant de la part d'un groupe soit-disant anti-star-system, à l'écart des modes... De toute évidence, Kurt Cobain connaissait par coeur "Le parfait manuel de l'anti-conformisme par la conformité".

Quant au contenu: on y trouve aussi bien des compositions personnelles que des reprises, dont 3 des MEAT PUPPETS. Là, je me permets de dire que jouer 3 titres d'un seul groupe (sur 6 reprises jouées, en plus !), c'est abusé. A la limite, un medley aurait pu faire l'affaire.

Quant au disque lui-même... Il est fade, ennuyeux, soporifique. Kurt Cobain chante de façon monocorde du début à la fin, interprète les titres sans conviction, sans passion. Ce disque acoustique apporte surtout la confirmation que NIRVANA était un groupe très limité, que Kurt Cobain est incapable de faire autre chose que brailler dans le vide. Mais les vidéos de ce live sur Youtube sont plus instructives que le CD lui-même: elles montrent qu'il n'y a aucune interaction entre le groupe et le public, que les musiciens ont l'air de s'ennuyer et que Kurt Cobain avait une condition physique beaucoup trop précaire pour disputer les Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996. Et quel dommage que le groupe n'ait pas eu l'idée de reprendre le mythique "Plus beau que moi tu meurs" du génial Aldo Maccione: au moins, on aurait pu se payer quelques tranches de rire. Comme durant les fins de concert du groupe quand celui-ci s'amusait à faire semblant de détruire son matos et à se cogner la tronche contre des amplis de 500 W (le seul moment digne d'intérêt dans un show de NIRVANA).


Allez, disons les choses franchement: pour ceux qui veulent trouver le sommeil rapidement, ce "Unplugged In New York" de NIRVANA se révèle encore plus efficace que le Tranxène et le Lexomil réunis. Autrement, il n'y a rien à tirer de ce disque, si ce n'est la chasse d'eau. Pour le coup, Kurt Cobain aurait été plus inspiré d'aller faire le babouin au zoo de Vincennes: au moins, j'aurais consenti à lui envoyer des cacahuètes. Quitte à écouter un bon live acoustique, autant se rabattre sur le "Five Man Acoustical Jam" de TESLA ou sur le "Unplugged" de ALICE IN CHAINS.