Avec le recul, "Smash" est très certainement l’album le plus Proustien de The OFFSPRING. Pas qu’il soit le plus littéraire ou qu’il soit celui qui propose les phrases les plus longues et alambiquées (ce qui n’est pas du tout une spécialité du groupe !), mais il est une véritable madelaine pour celui qui a été adolescent à l’époque de sa sortie. Entre le matraquage des clips sur MTV, les passages radio, un bouche à oreille très efficace entre deux cours, les écouteurs partagés lors des pauses, il était impossible de passer à côté de ce disque.

Dernièrement, je l’ai ressorti pour l’écouter en voiture, après des années sans l’avoir déplacé de son étagère autrement que pour divers déménagement et j’ai été surpris de voir qu’il fonctionnait toujours aussi bien, qu’il donnait envie d’headbanguer. Je roulais donc en chantant et en tapant le volant des doigts en rythme, chaque morceau me revenant aussitôt en mémoire à peine avaient-ils commencés. Et ça, franchement, ce n’est pas donné à tous les disques.

Outre l’aspect sentimental, il faut aussi dire que le groupe assure sur "Smash". Les années passant, on sent que la maîtrise des instruments est là et que les musiciens osent plus et que Dexter Holland aboie moins. Ils évoluent toujours dans la veine californienne du Punk, plus festive que l’anglaise et moins virulente que la new-yorkaise. Cela ne les empêche en aucun cas d’être agressif à souhait ("Nitro", "Bad Habit", duo gagnant d’une ouverture bien pensée), ou d’explorer d’autres voies qui leur vont bien.

Ainsi, "Gotta Get Away" ralenti le tempo, pour que l’aspect matraque de "Genocide" ne soit que plus probant, mais ce sont surtout les deux singles principaux qui vont attirer toutes les oreilles : "Come Out And Play" et son ambiance orientale et surtout "Self Esteem", mid tempo ravageur qui s’extrait des contrées Punk pour explorer un autre univers. Passer sous silence le Ska "What Happened To You ?" serait également criminel tant ce morceau vient apporter un souffle d’air frais à l’ensemble.

"Smash" est peut-être trop propre sur lui – la production est plutôt bonne – mais il est réussi de bout en bout. Quatorze morceaux pour un peu plus de trois quarts d’heure de musique, c’est plutôt un bon ratio et le tout s’écoute sans déplaisir, même trente ans après. The OFFSPRING est arrivé à maturité ici et il allait, avec GREEN DAY et son "Dookie", propulser le Punk sur les ondes en cette année 1994… Et les deux récolteront quand même un sacré shitstorm, mais ça, c’est une autre histoire.

Note réelle : 4,5, que je pousse à 5 par pure nostalgie.