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FOLK METAL  |  STUDIO

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2020 2 La Halha
 

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BOISSON DIVINE - La Halha (2020)
Par GEGERS le 25 Mai 2020          Consultée 7569 fois

Je vous avoue ne pas ressentir de fierté particulière à appartenir à l’une ou l’autre des cultures qui constituent, selon certains cols blancs aux esprits parfois troublés par le mirage du totalitarisme, notre "identité nationale". Les TRI YANN, pourtant fervents défenseurs de la culture bretonne, n’hésitent pas à le clamer haut et fort dans leur morceau "La Découverte Ou L’Ignorance" : "La Bretagne n'a pas de papiers / Elle n'existe que si à chaque génération / Des hommes se reconnaissent Bretons". Tout est dit. Il est facile d’adopter des coutumes, des traditions, mais cela demande un réel investissement personnel que d’épouser une culture, d’en apprendre les origines, d’en maîtriser les valeurs et d’en promouvoir les manifestations.

Les amis d’enfance à l’origine de BOISSON DIVINE, pour leur part, ont tellement baigné dans la culture gasconne qu’ils en sont pétris, imprégnés. Sur leurs deux précédents albums, ils n’en font pas la promotion particulière, ne pratiquent aucun prosélytisme, ils la vivent tout simplement. Les convaincus appartiennent à une culture comme ils respirent. Ce troisième album voit le groupe affirmer une nouvelle fois son envie de faire rayonner sa culture en la mariant à la distorsion et au Heavy Metal. Un panachage jusqu’à présent fort réussi, les deux précédents albums de BOISSON DIVINE offrant un souffle nouveau sur la scène Folk Metal française. "La Halha" vient enfoncer le clou.

"La Halha", c’est le grand brasier, le feu de solstice, issu d’une tradition multi-séculaire, toujours perpétuée aujourd’hui sous sa forme chrétienne, nous informe le groupe qui, comme sur ses réalisations passées, semble désireux de narrer les grandes figures de la Gascogne tout autant que les traditions païennes. Interprétés intégralement dans la langue locale, les dix morceaux de l’album constituent un pavé de près d’une heure, dont on ne se lasse à aucun moment. Sur une base Heavy/Power qui sert d’ossature à des chansons sur lesquelles interviennent bon nombre d’instruments traditionnels (notamment la flabuta, sorte de flûte à bec gasconne), "La Halha" est conçu comme un vinyle. Chacune des deux faces débute par un morceau énergique, percutant et doté de mélodies immédiates. Autant d’adjectifs qui décrivent parfaitement "Lo Pèla-Pòrc", en français "Le tue-cochon". Des mélodies ancestrales pyrénéennes, l’évocation d’une tradition locale et voici que, agrémenté d’un son dantesque, ce morceau s’impose comme une leçon de Folk Metal et montre un groupe qui semble parvenu à hausser encore un peu plus son niveau.
Mélodies et riffs occupent une place égale sur cet opus parfaitement équilibré. Prenez le cas d’école de "Suu Camin Estelat". Introduit par un banjo surprenant et des harmonies vocales délicates, le morceau est rapidement transfiguré par un cri surpuissant, façon Tobias Sammet, qui annonce un titre résolument orienté Speed Metal. L’ajout d’un piano donne à ce titre un petit goût MÄGO DE OZ, et en fait à n’en pas douter une des meilleures réalisations de cet album.

À mesure que chaque "face" progresse, les morceaux deviennent plus complexes, plus fouillés. "Xivalièr De Sentralha", histoire d’une figure locale ayant livré bataille durant la guerre de Cent Ans, se fait ainsi plus direct et efficace que "Rei De Sueda", dont les neuf minutes permettent d’apprécier la complémentarité musicale et l’inventivité permanente des membres du groupe, qui surprennent par des changements de rythme, d’instruments ou d’ambiances, et participent ainsi à rendre leurs morceaux à la fois riches et accessibles. Comme autant de mains tendues vers l’auditeur, divers points d’accroche mélodiques permettent de se raccrocher aux wagons et d’apprécier les morceaux dans leur variété autant que dans leur complexité.

"La Sicolana", porté par de splendides harmonies vocales, façon polyphonie pyrénéenne, est sans aucun doute un des plus grands moments de l’opus, tout comme "Libertat", porté par une énergie Punk véritablement dansante. Ce titre devrait frapper fort en live, porté par un des meilleurs refrains conçus par le groupe. La dernière chanson, "Milharis" est la plus longue de l’album, et symbolise le jour le plus long, le solstice d'été en référence au nom de l'album. Cette épopée musicale qui narre la légende du vieux pâtre Milharis (dont la tombe, la Croix de Béliou, est représentée sur la pochette de l’album), est un grand-œuvre particulièrement savoureux. Un démarrage timide, mêlant violon et guitare acoustique, laisse rapidement place à un riff porteur d’ambiances épiques fédératrices et dantesques, qui donnent envie d’épouser la culture gasconne. Le chant de Baptiste Labenne, qui n’a cessé de s’améliorer au fil des ans, se fait ici particulièrement percutant sur ce morceau dont les mélodies sont à classer dans ce que le groupe a pu créer de meilleur.

Il y a, quelque part en terre gasconne, un groupe qui constitue le plus bel espoir du Folk Metal français. Mais peut-on encore parler d’espoir, puisque BOISSON DIVINE approche de la décennie d’existence ? Non, parlons désormais de valeur sûre, de chaînon manquant entre IRON MAIDEN et TUATHA DE DANNAN. Il faut de l’audace, et BOISSON DIVINE n’en manque pas. Il y a du savoir-faire, de la maîtrise instrumentale et surtout un sens aiguisé de la composition qui fait de ce troisième album une pépite savoureuse, et sans aucune doute la réalisation la plus aboutie du groupe.

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   (3 chroniques)



- Baptiste Labenne (chant, guitare, basse mandoline, banjo, accordéon, piano)
- Adrian Gilles (batterie)
- Ayla Bona (flabuta, tambourin à cordes, vielle à roue)
- Pierre Delaporte (boha, accordéon, clarinette)


1. Lo Pèla Pòrc
2. Novempopulania
3. Suu Camin Estelat
4. Xivalièr De Sentralha
5. Rei De Suèda
6. La Sicolana
7. Abelion
8. Un Darrèr Còp
9. Libertat
10. Milharis



             



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