Alors que je viens de recevoir un pigeon m’annonçant la sortie d’un nouveau méfait des plus fameux pirates des sept mers du Metal, il est plus que temps de revenir sur certains de leurs pires forfaits, dont ce "Curse Of The Crystal Coconut". Quand on écoute du ALESTORM, on sait à quelle sauce on va être mangé. Pas question de faire sa mijaurée, on y va pour se fendre la poire et se taper des montées d’énergie à en conquérir des contrées hostiles. Si la recette tend à perdre de sa candeur avec le temps, pour peu que les compositions soient bonnes et les refrains catchy, il y aura toujours une clientèle pour ce genre de connerie. J’en fais partie, cela va sans dire.

Sur ce sixième opus, le très bon côtoie le médiocre. Le principal souci de la galette réside dans l’identité de ses prédécesseurs, les très aboutis "Sunset On The Golden Age" et son jumeau maléfique, "No Grave But The Sea", qui marquaient une forme d’accomplissement musical allié à un sens de la gaudriole avancé mais point caricatural. "Curse Of The Crystal Coconut" est moins bon que ses aînés, clairement. La débilité profonde ("Shit Boat (No Fans)") prend peu à peu le pas sur l’humour mais surtout, certaines pistes présentées comme des ouvertures, si louables soient-elles, manquent globalement leur cible. C’est le cas du premier single tout mou, "Treasure Chest Party Quest" (malgré ce petit aboiement de chien sorti de nulle part), et plus encore du rance "Tortuga" pseudo-rappé par Captain Yarrface et complètement à côté de la plaque.

Pour le reste on oscille entre du générique ALESTORM dont la musique et les textes auraient pu être générés par une IA avinée au mauvais houblon, et des morceaux très sympas et enjoués : "Fannybaws", "Chomp Chomp" qui narre les forfanteries d’un alligator vorace, l’enjoué "Call Of The Waves" et surtout "Zombies Ate My Pirate Ship", véritable réussite conviant la belle voix de Patty Gurdy à la boustifaille des morts-vivants. C’est lorsqu’ils évoluent entre le premier et le second degré que les Écossais d’ALESTORM donnent le meilleur. Sur "Curse Of The Crystal Coconut", il subsiste des traces réelles de ce talent, plus vivaces qu’un troupeau de rampants.