C’est fou comme un album passant pour être dans l’ombre de son aîné à sa sortie peut resplendir bien davantage avec le temps. "Ecliptica" avait ébloui tout le monde et continue d’être l’étoile inatteignable de la discographie de SONATA ARCTICA. "Silence" fit office de supernova, hyper lumineux, avant de s’éteindre progressivement. "Winterheart’s Guild", lui, est comme l’étoile du berger, guide inamovible pour qui souhaite situer le groupe dans le firmament Speed Mélo et évaluer la quintessence de son style.

Quintessentiel, cet album l’est, même s’il n’est pas parfait (voir, ou plutôt écouter, "The Ruins Of My Life"). D’abord parce qu’il est plus aventureux que ses deux prédécesseurs, et aventureux, les Finlandais sauront l’être plus souvent qu’à leur tour sur les opus suivants. Oui, pour moi, des morceaux comme "Champagne Bath", l’exceptionnel "Broken" ou le superbe "Draw Me", dans des formats pourtant plus restreints que les titres les plus chiadés de "Silence", offrent aux idées originales qu’ils développent un cadrage serré dans lequel exprimer leur originalité. Ce disque est aussi tout à fait SONATien, bourré de ces titres Speed nourris de claviers et de mélodies ébouriffantes qui sont la marque du groupe. Dois-je citer là l’explosif "Abandoned, Pleased, Brainwashed, Exploited", l’inevitable "The Cage" ou le très classique et néanmoins réjouissant "Victoria’s Secret" ?

Mais avant tout, "Winterheart’s Guild" est un album de chanson, au sens noble du terme, un disque où la voix – et quelle voix ! – est l’instrument maître, et où tous les instruments viennent soutenir les histoires qu’elle tisse. Que ce soit sur "Gravenimage", "Silver Tongue", "The Misery" et… tous les titres, en fait, c’est elle qui mène la danse. SONATA ARCTICA, et Kakko en particulier, assume son côté diva sur ce disque : l’ensemble de la musique jouée par le groupe vient souligner, renforcer, sublimer ses lignes vocales. Et c’est pour le mieux. L’évidence de ce troisième album vient en grande partie de là. Et, non, ce n’est pas trop facile. Non, ce n’est pas simple. C’est efficace. Et c’est juste beau.