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METAL SYMPHONIQUE  |  STUDIO

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FAIRYLAND - Of Wars In Osyrhia (2003)
Par BAST le 10 Mars 2003          Consultée 22335 fois

Cette chronique se compose de deux parties. La première constitue la chronique à proprement parler. La seconde est destinée à ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l’album. Pour illustrer cette seconde partie, j’ai intégré des commentaires de Philippe Giordana, claviériste et principal compositeur de Fairyland, qui a bien voulu répondre à quelques questions, spécialement pour cette chronique.



Première partie : la chronique.


Enfin ! Il est désormais grand temps de remiser au placard les MP3 de Fantasia qui traînent depuis quelque temps déjà sur les disques durs. Des MP3 fort prometteurs issus de leur seconde démo Realm Of Wonders et téléchargés durement sur les conseils d’initiés qui parlaient de Fantasia comme du Rhapsody français. Oui car le premier album de Fantasia, aujourd’hui rebaptisé Fairyland, va enfin voir le jour. Et c’est finalement NTS qui va le distribuer !

Que de changements pour ces français depuis leur première démo, Tribute To The Universe, sortie il y a de cela quatre ans. Outre le changement de patronyme et la signature au sein de NTS, le groupe s’est permis le luxe de recruter Elisa C. Martin de Dark Moor ! C’en était trop pour moi ! La très bonne qualité des quelques morceaux de leur seconde démo glanés sur le net, la signature chez NTS (quoiqu’une ou deux signatures récentes prouvent que signer chez NTS n’est plus forcément un gage de qualité…) et maintenant le recrutement d’Elisa, l’une des plus belles voix qui soit… Inutile de vous dire avec quelle impatience j’attendais Of Wars In Osyrhia, le premier album de Fairyland !

Les premières écoutes sont très bonnes, mais les morceaux sont si proches de certains groupes établis qu’il est plutôt difficile de bien se concentrer sur la musique. Pour commencer, la ressemblance avec Rhapsody est énorme. Les orchestrations, tout d’abord. Elles sonnent très « Hollywood metal » et sont utilisées de la même façon que sur SOEL ou LT, à savoir en soutien continu ou en tant que dominantes sur les nombreux ponts. Les chœurs ensuite. Que ce soient les chœurs d’église ou les chœurs épiques, on peut les entendre à de très nombreuses reprises, là encore, à la manière des italiens. Le tempo régulièrement basé sur la double grosse caisse, la structure des morceaux, les soli de clavier ou les refrains à mi-chemin entre heavy et musique classique, voilà encore d’autres rapprochements qui viennent très facilement à l’esprit. Le jeu de guitare est différent par contre. Moins néo-classique que celui de Luca Turilli, il tire davantage son inspiration de la scène allemande. Les autres influences, écrasées par le rapprochement immédiat avec Rhapsody, sont moins marquantes mais non négligeables pour autant. On pense notamment à Freedom Call sur l’une ou l’autre mélodie et certains chœurs, à Blind Guardian sur quelque harmonies et sur certains riffs, à Bal-Sagoth au niveau de quelques orchestrations ou encore à Dark Moor, quoique cette dernière influence vaille surtout en raison de la chanteuse commune aux deux groupes.

Des premières écoutes qui ne s’avèrent pas suffisamment éloquentes, donc, l’esprit ne pouvant se départir de quelques comparaisons régulières au fur et à mesure de l’avancement du CD. Mais la magie de cet album a à peine commencé son œuvre… Et sitôt que les mélodies commencent à se graver dans notre esprit, impossible de résister à l’envie de se repasser l’album en boucle. Car on commence peu à peu de pénétrer l’univers musical de Fairyland et l’envie de s’y replonger se fait à chaque fois plus forte.

Les écoutes suivantes sont sans appel : on tient là un très grand album ! La ressemblance avec Rhapsody et les autres influences se digère peu à peu et on se laisse facilement aller à la musique du groupe. Et l’impression d’assister à l’éclosion d’un nouvel univers musical, à l’instar de ceux créés par Rhapsody, Blind Guardian ou Freedom Call, est de plus en plus forte. Tout a été réuni pour faire de cet album un indispensable du heavy symphonique. Les orchestrations sont nombreuses et souvent somptueuses, davantage basées sur les BO de films que sur la musique classique. Les morceaux sont assez complexes, avec de nombreux breaks qui relancent l’intérêt à chaque écoute. Les chœurs sont souvent magnifiques et enrichissent admirablement les morceaux, accentuant le côté épique déjà fort en avant. Enfin, l’autre gros point fort de cet album, c’est le chant d’Elisa. Il est tout bonnement magnifique, et cette chanteuse fait désormais partie de mes vocalistes préférés, aux côtés de Fabio Lione, Mike Baker ou Hansi Kursch.

Le seul bémol que l’on pourrait opposer à tant d’enthousiasme se situe au niveau de la production. Elle manque parfois de pêche, avec une guitare rythmique un peu trop en retrait et des chœurs certes amples, mais néanmoins un peu faibles. Pour un premier album, elle reste néanmoins satisfaisante. En outre, cette faiblesse sonore des chœurs donne l’impression que ceux-ci ont été enregistrés dans une cathédrale et cela apporte un côté baroque à l’ensemble.

Difficile de faire ressortir tel ou tel morceau. Car le niveau est très élevé. Seul le long instrumental The Army Of The White Mountains pourra ne pas faire l’unanimité. Pour ma part, j’apprécie pleinement ce titre, mais son côté « BO du pauvre » à base de samples pourra en rebuter certains. Parmi les titres les plus marquants, je retiendrai The Storyteller et son refrain entêtant, Fight For Your King et ses ambiances magnifiques dominées par le chant divin d’Elisa, la ballade Rebirth et ses chœurs à la Echoes Of Tragedy, le magnifique A Dark Omen et son refrain épique ou encore, évidemment, le long Of Wars In Osyrhia, qui conclut dans un florilège de mélodies, de chœurs et d’orchestrations, ce superbe album.

Des albums de heavy symphonique d’un tel niveau, il n’en sort pas souvent. Et je ne peux que vous conseiller de vous ruer sur cet opus d’une qualité exemplaire. Pour ma part, je le mets au même niveau que le Mistress Of The Shadowlight de Secret Sphere, le The Hall Of The Olden Dreams de Dark Moor, le Tales From the North de White Skull ou le dernier Thy Majestie. Les albums de Rhapsody (dont l’intouchable SOEL) restent toutefois au-dessus dans la catégorie, mais Fairyland, s’il continue dans cette voix, à largement les moyens de se rapprocher plus encore de son aîné.

Un indispensable du heavy symphonique, tout simplement.



Seconde partie : en savoir plus, avec notamment les commentaires de Phil Giordana.


Fantasia, Fantasy, Fairyland… Trois noms au doux parfum évoquant tour à tour de vertes prairies qui s’étendent à perte de vue, des bois ombragés que les prophéties invitent à éviter, des forêts séculaires au plus profond desquelles le quêteur vient quérir sagesse et conseils, des rivières scintillant sous un soleil de plomb ou encore des châteaux surmontés de donjons si hauts qu’ils se perdent dans les nuages. Et s’animant parmi ces paysages, une multitude de créatures, ennemies ou alliées.

Ces trois noms ont été consécutivement portés par un seul et même groupe, que beaucoup de fans suivent depuis déjà quelques années, attendant impatiemment que son premier album voie enfin le jour. Désormais, on parlera de Fairyland, mais ceux que la seconde démo du groupe avait marqués se souviendront du groupe sous le nom de Fantasia. Un nom fort réputé dans l’underground.

Fairyland commence sa carrière sous le nom de Fantasia en 1998. C’est la rencontre de Willdric Lievin (batteur / multi instrumentiste) avec Philippe Giordana (claviers) qui précipite les choses. Deux démos plus tard, la réputation du groupe n’est plus à faire dans l’underground. Et c’est peu après que le guitariste Anthony Parker, un ex Heavenly, rejoint le groupe. Enfin, alors que l’enregistrement de leur nouvel album avait débuté, le groupe décide d’engager la très réputée Elisa C. Martin, chanteuse du groupe espagnol Dark Moor. Un choix judicieux que nous raconte Phil : « On était à la recherche d’une voix originale, qui puisse être douce, mais aussi agressive et ayant une large plage d’octaves. Willdric m’a proposé Elisa et j’ai été emballé ! Sa voix sort vraiment du lot et je pense qu’elle colle parfaitement à l’ambiance de l’album ». Impossible de ne pas lui donner raison !

A présent que les français sortent leur nouvel album, quatre années se sont écoulées depuis la publication de leur première démo. Quatre longues années et une seconde démo qui ont surtout permis à Fairyland d’affiner son style, comme nous l’explique Phil : « Depuis la première démo (Tribute To Universe), notre musique s’est enrichie et s’est dirigée vers un style beaucoup plus symphonique. On retrouve sur Of Wars In Osyrhia deux morceaux de cette démo, mais ils n’ont plus vraiment de rapport avec les originaux. Je pense que notre musique a gagné en maturité ».

Effectivement, entre le metal somme toute assez basique de Tribute To Universe et le metal symphonique de leur premier album, l’évolution est flagrante. Car le groupe officie désormais dans un registre qui rappelle en tout point ou presque un groupe italien bien connu : Rhapsody. Les membres du groupe ne s’en cachent pas et Phil va même encore plus loin : « On a voulu continuer là où Rhapsody s’était arrêté avec SOEL. On a un côté orchestral très présent et la construction des morceaux évolue un peu comme une BO de film. Je suis resté très marqué par les deux premiers opus de Rhapsody, mais on peut aussi trouver des influences beaucoup plus larges ».

Une sorte de SOEL 2, alors ? Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas exactement le cas. Car si Fairyland reprend effectivement à son compte la plupart des ingrédients qui ont fait le succès de SOEL, la musique des français est bien moins complexe et variée.

Quoi qu’il sen soit, Fairyland a réussi à produire un album suffisamment personnel qui fait se succéder le très bon et l’excellent. Voici, titre après titre, mes impressions ainsi que quelques commentaires de Phil qui nous mets néanmoins en garde : « Je dois t’avouer que je ne suis pas vraiment fan de faire ce genre de trucs. C’est vraiment galère de rester objectif sur mes propres morceaux ».

- And So Came The Storm : « On voulait débuter l’album par une intro symphonique (c’est pour moi le meilleur moyen de commencer un album épique… ». Difficile de contredire Phil, quand on voit que la plupart des albums évoluant dans ce registre débutent effectivement par une intro de ce type. Pipeau, cordes, chœur d’église, tout a été réuni pour mettre au jour une intro symphonique grandiloquente. C’est beau et cela donne un sacré avant-goût de la suite.
- Ride With The Sun : Une intro symphonique soutenue par un tempo élevé débute ce titre haut en couleurs. Les lignes de chant sont belles et travaillées, Elisa est impériale et ce titre s’impose très rapidement. « C’était le morceau tout désigné pour attaquer les hostilités », nous dit Phil. C’est vrai qu’avec un tel titre, on est rapidement mis dans l’ambiance qui prévaudra tout au long du CD, avec ces orchestrations continues, en fond ou en lead ou cette structure dynamique qui ne laisse aucun temps mort. Seul le refrain me laisse un peu sur ma faim. Il manque un peu de pêche et n’est pas assez fédérateur. Il s’agit malgré tout d’un très bon titre.
- Doryan The Enlightend : Encore une fois, c’est une intro symphonique très réussie qui commence ce morceau, avec en fond des chœurs semblant tout droit surgi d’Eternal Glory (Rhapsody, SOEL). Le refrain est génial avec un long et grandiose solo sur une ambiance ultra épique, à base d’orchestrations qui tiennent en haleine. « Les solos d’Anthony sont très aboutis et le refrain fait partie de mes préférés ». Tout à fait d’accord sur ce point ! Un grand moment que ce titre.
- The Storyteller : Ca commence comme une ballade. On assiste à une sorte de duel entre les chœurs et le chant d’Elisa avant une formidable montée en puissance lors du refrain. Un refrain magnifique et obsédant qui vous quittera difficilement l’esprit. Et ce n’est pas Phil qui me contredira : « …le refrain est assez marquant (quand je l’ai écrit, je n’ai pas pu m’en séparer pendant une semaine ! ». Un autre grand moment de l’album.
- Fight For Your King : Intro avec chœurs et cordes…Superbe, encore une fois. Les lignes vocales sont complexes et superbement chantées par Elisa. Il y a beaucoup d’ambiances dans ce morceau, épique à souhait. Le refrain est amené avec intensité et finit de convaincre avec une facilité déconcertante. Un morceau qui a pas mal évolué au cours de ces dernières années : « C’est le deuxième morceau le plus ancien… le couplet, assez plat sur la démo, prend ici une tournure mélodique et contrastée ».
- On The Path To Fury : Pas d’intro symphonique cette fois-ci, mais une courte narration sortie tout droit de NIME. Puis surgissent les chœurs tandis que le tempo démarre en trombe. Le pont est excellent, symphonique et agrémenté d’un long duel guitare clavier qui fait beaucoup penser au premier album de Rhapsody. Le refrain, un peu folk, est réussi. « LE morceau Live », nous explique Phil. « Je pense que ce titre sera un des plus entraînants en concert ».
- Rebirth : Une belle ballade où les parties orchestrales, les chœurs et le chant divin d’Elisa se succèdent pour notre plus grand plaisir. Le refrain à la Echoes Of Tragedy (Rhapsody, LT) est poignant et il se dégage de ce titre une douce mélancolie qui ne laisse pas insensible. Un titre qui semble particulièrement important aux yeux de Phil : « J’étais dans un état d’esprit assez particulier quand je l’ai écrit et ce titre est pour moi le plus personnel de l’album ».
- The Fellowship : « Sûrement le morceau le plus connu dans le milieu undeground ». Effectivement, ce morceau m’est le plus familier, même s’il prend une tournure nouvelle sur l’album. L’intro médiévale est somptueuse, les lignes de chant ont été travaillées en profondeur et ce titre recèle pas mal de rebondissements, notamment sur le pont. Le refrain est assez bon, mais il ne fait pas partie de mes préférés. A noter un passage orchestral qui sonne très Bal-Sagoth.
- A Dark Omen : Un titre un peu plus agressif, avec son intro symphonique qui fait beaucoup penser au dernier album de Rhapsody. Le refrain est génial, bien épique. Frissons garantis ! Le duel guitare / clavier fait lui aussi partie des moments forts de l’album, tout comme les chœurs, assez particuliers : « On s’est amusé à tenter des chœurs dans le style de Danny Elfman (Batman, Edward aux mains d’argent…) sur les pré-refrains ».

- The Army Of The White Mountains : Un instrumental exclusivement symphonique. La mélodie principale est très belle et il y a dans ce titre de très bonnes idées. La longueur du morceau pourra paraître excessive à certains, d’autant plus que le titre semble tourner un peu en rond à la fin. Un titre qui, en tout cas, mériterait un véritable orchestre, tant les mélodies sont belles. « Beaucoup d’influences cinématographiques dans ce titre », nous dit Phil. Vous vous en seriez doutés…
- Of Wars In Osyrhia : « Le morceau titre de l’album… Je pense qu’on a réussi à créer un titre varié, qui n’ait pas une construction labyrinthique. Il y a dans ce morceau quelques-uns uns de mes passages préférés ». Voilà de quoi vous mettre en appétit ! Le titre débute par une intro symphonique à la Bal-Sagoth. Puis une accélération épique avec des guitares plus en avant prend le pas. La suite, c’est un nouveau passage symphonique qui reprend note pour note ou presque une mélodie d’un morceau de Rhapsody. Je vous laisse deviner lequel... Le chant d’Elisa débute alors sur des lignes vocales haletantes. Le refrain est inoubliable, le titre entraînant et les nombreux ponts symphoniques de toute beauté. Un solo original ponctue le premier pont. A noter un passage à la Within Temptation très réussi. Le pont principal est une succession de mélodies folks et médiévales et constitue un sublime moment. Un titre de plus de dix minutes qui est si bon qu’il semble passer en deux fois moins de temps.

En ce qui concerne les textes, ils évoquent un concept en connexion directe avec l’héroic-fantasy. Pour en savoir plus, Phil nous invite à lire tout un «explicatif des morceaux par rapport au concept sur la version digipack ».

Vous savez ce qu’il vous reste à faire : compter les jours jusqu’au 14 avril !

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   (2 chroniques)



- Elisa Martin (voix)
- Anthony Parker (guitare, basse)
- Philippe Giordana (synthé)
- Willdric Levin (batterie)


1. And So Came The Storm
2. Ride With The Sun
3. Doryan The Enlightened
4. The Storyteller
5. Fight For Your King
6. On The Path To Fury
7. Rebirth
8. The Fellowship
9. A Dark Omen
10. The Army Of The White Mountains
11. Of Wars In Osyrhia



             



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