Le battage médiatique autour de la sortie de ce premier SCORPIONS de l'ère Mikkey Dee m'a fatigué. Les mecs de SCORPIONS sont dans une logique de communication très américaine à l'ancienne, où la starification de ses membres est particulièrement poussée. Et cela se ressent dans leur discours. Et pourtant, à l'instar de JUDAS PRIEST, ces artistes restent diserts et prompts à partager leurs désirs et leurs souhaits en flirtant entre la langue de bois et une certaine forme de transparence.

Alors on va me dire que mon allégation est réductrice, mais SCORPIONS, c'est l'Allemagne. Et en termes de Hard Rock et de Metal, ils n'ont que rarement été des spécialistes de la finesse. Ainsi les vidéos de teasing montrant les gars en studio de répétition, mettant en scène un mode de création à l'ancienne, la sortie du premier single, donnant enfin un peu de lumière au solide et fidèle Pawel, qui aura bientôt passé autant de temps au sein de la formation de Hanovre que Francis Buchholz, tout ça ne m'a pas donné spécialement envie d'attendre avec impatience l'énième album des Scorps.

Et pourtant, il semblerait qu'une bonne partie de ce qui a été avancé en amont soit vrai. Toutes les compositions sont signées par le groupe, sans l'aide de ses producteurs suédois, avec une volonté de s'approcher le plus possible de son essence (mais aussi de son apogée artistique). Et je crois qu'en définitive, c'est ce qui peut être déstabilisant, les formations légendaires de cette génération ayant toujours plus ou moins cherché à progresser, aller de l'avant, chercher à rester pertinent au fil du temps. Le Priest l'a fait jusqu'à 2008, et SCORPIONS le faisait sous perfusion depuis une bonne dizaine d'années également, avec des résultats plus ou moins probants.

Si le groupe devait se trouver à "Going Out With A Bang" comme ils le disaient fièrement sur "Return To Forever", ils n'auraient pas trouvé mieux que ce "Rock Believer".
SCORPIONS affiche une patate franchement communicative, un son propre et puissant mais pas dopé aux anabolisants et des capacités toujours probantes, notamment de son diamant Klaus Meine qui n'en finira jamais de me scotcher. S'il est obligé de la jouer un peu plus soft sur certains des morceaux qu'il a érigés au Panthéon du genre, son grain et son expressivité si particuliers sont toujours là. Ses aigus sont toujours réjouissants, et SCORPIONS peut se targuer de résister assez admirablement au temps qui passe.

Comme je le disais, cette fois-ci SCORPIONS assume de miser sur ses marques de fabrique, sur ses traits de caractère. Alors certes, beaucoup de titres vous rappelleront d'anciens classiques du groupe, mais pas dans la musique elle-même, qui ne fait jamais dans le plagiat, mais plutôt dans la démarche. "Rock Believer", "Shining Of Your Soul" ou "Gas In The Tank" sont de ce bois, mais s'affirment comme des compositions éminemment solides.

"Rock Believer" permet de faire briller Klaus Meine, mais aussi Mikkey Dee, dont le jeu puissant et carré est une aubaine pour les Scorps qui retrouvent la brutalité de Rarebell et la modernité de Kottak, soit le combo parfait. En revanche, on peut regretter, nonobstant des guitares au son réjouissant, un certain manque de riffs marquants (malgré des œillades à la fin des 70s sémillants), mais surtout de soli qu'on retient, Matthias Jabs en ayant pourtant composé à la pelle. Mais chacune des écoutes de ce "Rock Believer" s'avère jusqu'ici pleinement satisfaisante. Je suis heureux de les savoir là mais surtout en forme, et de les entendre croire encore à ce qu'ils font, et ça n'a pas toujours été le cas ces quinze dernières années. Un bon petit disque, qui ne ternira pas la légende à défaut de l'embellir significativement.