CULT OF LUNA est immense. Rares sont les discographies dont la qualité est à ce point constante. Et "The Long Road North" ne fait pas exception à la règle. Impossible de ne pas se faire transporter dans ce monde mécanique et glacial dès la première piste de cette cuvée 2022, le déjà mythique "Cold Burn". Ce qui me fascine avec la musique des Suédois, c’est ce côté clinique. Peu de notes, pas de chichi, chaque élément est posé dans son plus simple apparat, au bon moment, avec la bonne harmonie. Rien n’est superflu, et en même temps, tout est essentiel.

L’atmosphère qui se dégage de ce morceau est la marque des plus grands. Celle qui touche au plus profond, qui berce, qui secoue, qui dérange, qui émeut, tout simplement. Ce titre figure tout simplement parmi ce que j’ai écouté de plus fort en cette année, riche en la matière à mon sens.

Le style pratiqué n’est pas simple d’accès. D’aucun accrocheront sur les arrangements, d’autres sur la voix, mais au final peu parviennent à adhérer à la combinaison des deux, ce que je peux comprendre. C’est cependant pour moi ce qui fait la différence entre CULT OF LUNA et les autres groupes officiant dans le genre. Cette alchimie organique qui assemble deux éléments antinomiques sur le papier, pour créer une troisième substance unique, indépendante des matériaux premiers. Le mariage entre l’air et la terre, entre la légèreté et la lourdeur. L’exercice n’est pas simple, mais ce n’est pas parce-qu’il est complexe qu’il est forcément réussi.

Il est abouti car l’écriture et les mélodies le sont. Les rares dissonances ("The Silver Act") sont servies sur un plateau, sans excès, juste afin d’apporter une dimension supplémentaire à la chanson. "The Long Road North" possède de plus une multitude de niveaux d’écoute. En fond sonore comme au casque concentré à 100%, chacune des options fonctionne et procure un plaisir différent.

Si vous avez besoin d’un autre exemple, allez jeter une oreille du côté de "An Offering To The Wild", autre démonstration éclatante de la classe des musiciens et de leur capacité à créer un univers de plus de douze minutes avec cinq notes. Lent, processif, pesant, mélancolique, le combo touche à la perfection. Il se passe plus de cinq minutes avant que le chant écorché de Johannes Persson ne vienne faire voler en mille éclats la sensation de transe dans laquelle nous avait plongés CULT OF LUNA, avant de basculer vers le chaos.

Je pourrais continuer longtemps, mais je pense en avoir dit assez pour vous donner envie d’expérimenter "The Long Road North". Ce disque est un bijou et figurera sur mon podium 2022 sans hésitation. Ne passez pas à côté.