"Doo yoooou have the time to listen to me whine?"

Dingue, comme un riff et une phrase ont parfois le pouvoir de nous téléporter brutalement dans des souvenirs qui remontent.

C'est donc ça la Madeleine de Proust ?

C'est donc sentir à nouveau un soleil de plomb nous chauffer la nuque, pendant qu'on hésite, perché avec notre board sur le lanceur, évitant de penser que ça fait quand même trois fois d'affilée qu'on s'éclate joyeusement le coccyx et qu'on se brûle les avant-bras sur son revêtement. Juste en écoutant "Basket Case". C'est retrouver les sensations d'une journée ensoleillée au skate-park municipal avec les potes, la bande-son et les conneries qui vont avec. Conneries de mômes âgés de onze à seize ans qui, perdus en pleine France rurale, se prennent pour des Rodney Mullen ou des Jackass des champs, selon les sensibilités.

Moi ça me ramène au milieu des années 2000. Une dizaine d'années après la sortie de ce "Dookie". Normal, en 1994 j'avais même pas un an et les plus vieux de la bande étaient plus fascinés par les Minikeums que par OFFSPRING, GREEN DAY ou BLINK 182. Des groupes, qui plus tard, constituent pourtant des références communes à tous ces gamins. Aujourd'hui si on se recroisait sans se reconnaître dans ce bon vieux bled et que par magie le riff de basse de "Longview" se retrouvait soudain diffusé dans les haut-parleurs sur la place de l'église (sont-ils toujours là ?), c'est grâce à ce dodelinement de la tête significatif qu'on se remettrait immédiatement.

Et il suffirait de laisser le skeud dérouler ses hymnes ("Burnout", "Welcome To Paradise", "When I Come Around", "She", "F.O.D") pour que l'envie de râper ses Etnies toutes neuves sur le grip repointe le bout de son nez et que l'on entende à nouveau résonner ces claquements de roues frénétiques sous le préau de l'ancien lavoir.

Bref, oui j'ai pas réellement "vécu" les années 90, je fais plutôt partie de la génération "American Idiot" comme le dit justement Beagle. Mais la culture de ces années-là, je l'ai quand même un peu connue et acquise comme une grande partie de mes potes ; grâce aux plus grands. Ceux qu'on regardait partir avec envie voir KORN ou SLIPKNOT en concert quand nous on étaient encore trop petits pour les accompagner. Ceux qui nous ont aussi fait découvrir "Dookie".

Comme Fenryl, pour moi aussi ce skeud c'est de la nostalgie en barre. Je ne peux pas être objective, je suis toujours happée dans les souvenirs, façon pensine de Harry Potter, dès que les premières notes déboulent. Même si je zappe quelques titres un peu plus linéaires, à chaque fois ça fait quand même un bien fou et j'y retourne avec plaisir dès qu'arrivent les beaux jours.

4,5/5 arrondi à 4/5.