Pour faire simple, "Eat ’Em And Smile" est l’antithèse de "5150" dans l’esprit.

Mais ne brûlons pas les étapes. En 1985, David Lee Roth décide de quitter VAN HALEN, notamment à cause de gros problèmes d’égo avec Eddie VH ainsi que des divergences musicales. Les synthés de "1984" ? Pas à son goût ! Après un premier EP solo non dénué d’intérêt, DLR se lance dans le grand bain sans bouée avec cet album à la pochette étrange, mais que l’on pige mieux après avoir vu le clip de "Yankee Rose". Mais après avoir joué avec des pointures, Diamond Dave ne pouvait pas s’armer de tocards qui ne sont là que pour remplir les vides.

Non, le line-up est plutôt dantesque : à la guitare, Steve Vai, dont le nom devenait une évidence dans le milieu, et qui a commencé sa carrière en compagnie de Frank Zappa, excusez du peu ; à la basse, nous retrouvons Billy Sheehan, ex-membre de TALAS et future référence de son instrument dans le domaine du Hard Rock ; et enfin à la batterie, Gregg Bissonette, frère de Matt du même nom, qui a commencé sa carrière sur un album live de Maynard Ferguson, #balancetesréférences. Peut-être pas l’équipe la plus connue de l’époque, mais elle n’allait pas tarder à faire parler d’elle.

Puis surtout, il y a ce que l’on peut appeler un coup de chance, un coup de pute ou un coup de génie selon le point de vue, David Lee Roth est accompagné à la production par Ted Templeman, celui-là même qui avait produit les opus de VAN HALEN avec ce même chanteur. Et forcément, il va faire ressortir toute la folie du personnage, avec une belle mise en avant de la guitare également, qui ne fait pas dans la dentelle. Vai est inventif et il permet à DLR de développer son côté frapadingue. "Eat ’Em And Smile", c’est l’entertainment à l’état brut. Un disque festif à souhait tout en étant très varié dans le propos. Impossible de s’ennuyer ne serait-ce qu’une seconde.

Pour schématiser et donner un point de comparaison qui vaut ce qu’il vaut, "Eat ’Em And Smile" pourrait être une suite logique à "Women And Children First" car on n’y retrouve toute sa démesure, avec des titres très speed, d’autres ahurissants de trouvailles à la guitare (l’intro de "Yankee Rose", où Vai donne la réplique à Roth avec son instrument), des passages plus dépaysants ("Tobacco Road", une reprise d’un vieux standard du Blues présenté ici dans une version que n’aurait pas renié Jeff Beck, ou encore "That’s Life", cover d’un morceau popularisé par Frank Sinatra (avec peut-être l’appui de quelques portes-flingues, allez savoir) qui se veut séduisant avec son côté Music Hall réussi).

David Lee Roth a réussi un coup de maître pour sa première en solo (je ne prends en compte ici que l’aspect LP). Disque court (31 minutes !), profondément Rock’N’Roll et festif, il se permet de faire un pied de nez au "5150" de VAN HALEN, plus sérieux, moins éclatant, mais pourtant très réussi également. Mais qu’on ne se trompe pas : les fans de la première heure de VH veulent ce que DLR propose ici. "Eat ’Em And Smile" est un disque presque parfait, c’est tout juste si "Shyboy" n’est pas too much au milieu de tout cela (seul morceau, reprises exceptées, qui n’est pas signé Roth & Vai).

Note réelle : 4,5/5.