En voilà un petit EP qui fait du bien par où il passe ! muy bueno, muchacho. Cela dit, avec un tel casting powered by Nuclear Blast, pouvait-il en être autrement ? MALEVOLENCE, mes chouchous du moment proposant un mélange de Groove et de Metalcore, THY ART IS MURDER, parmi les pionniers du genre, et enfin FIT FOR AN AUTOPSY, LE groupe Deathcore le plus intéressant du moment, même s’il a tendance à nuancer son propos et à s’éloigner progressivement de ses racines les plus extrêmes. Six pistes au compteur, une composition originale et une reprise pour chacune des formations. Format original s’il en est, et franchement rafraîchissant sur le papier, celui-ci fait suite à "The Depression Sessions" sorti en 2016, avec plus ou moins le même casting, MALEVOLENCE remplaçant juste The ACACIA STRAIN, passé à la trappe entre-temps.

Au programme donc, trois continents (respectivement Europe, Océanie, USA) pour trois nuances d’une musique sans concession comme on l’aime, balayant allègrement du Metalcore au Deathcore, en passant par la case Melodeath, "The Aggression Sessions" assume parfaitement son nom et saura contenter les amateurs de violence, tout en réservant de réelles touches musicales et quelques petites surprises, mais ne tenant pas à briser tout suspens, j’y reviendrai… À noter que Fenryl assure la chronique avec les yeux de FFAO, T-Ray ceux de TAIM, pendant que je me pare de mon prisme MALEVOLENCE.

Il est cependant délicat de structurer cette bafouille en évitant le track-by-track, compte-tenu de l’exercice. Covers vs. Compositions ? Vue d’ensemble vs. Hétérogénéité du menu ? J’opterai pour un petit classement subjectif des familles, groupe par groupe, au vu des performances délivrées.

Pour le bronze, commençons par THY ART IS MURDER. Formés en 2006, les Australiens se sont forgés une petite réputation de brutes épaisses, amplement méritée. Leurs deux derniers opus, "Dear Desolation" et "Human Target" ayant séduit T-Ray et mis en avant une science du riff remarquable tout en possédant quelques hooks de qualité, éléments communément absents de la scène Deathcore. Ils signent ici un bon titre ("Until There Is No Longer"), assez représentatif de leur récente discographie. Du basique, certes, mais diablement bien exécuté, enchaînant les parties rythmiques différentes sur fond de beuglement possédé. Je suis moins client en revanche de leur reprise du mythe "Hammer Smashed Face" (CANNIBAL CORPSE). Certes, la production est plus moderne et le titre est dépoussiéré avec respect, mais la saleté faisait à mon sens partie de la période Barnes des Floridiens, dimension qui disparaît ici avec la couche de polish.

FIT FOR AN AUTOPSY se voile d’argent. Après les claques successives de "The Sea Of Tragic Beast" et de "Oh What The Future Holds", j’attendais plus de "Hellions". Si le retour à une certaine férocité est toujours bienvenue et si Joe Badolato délivre une fois de plus une performance impeccable derrière le micro (c’est peut-être le seul vocaliste à réellement pouvoir rivaliser avec Will Ramos de LORNA SHORE en matière de versatilité dans le registre extrême), le titre semble être une chute de studio du dernier LP. Pas mauvais évidemment, mais il manque ce petit truc en plus que les Américains ont su développer ces dernières années. Concernant le second morceau, direction Göteborg pour un classique parmi les classiques d’AT THE GATES : "Under A Serpent Sun", parfaitement exécuté, entre déférence et envie de relever la sauce. La production de "Slaughter Of The Soul" étant un poil datée (d’aucuns la jugeront authentique) pour le coup, Will Putney et sa bande offrent un écrin flambant neuf à l’une de mes chansons favorites de l’époque. Chapeau, les gars !

And my winner is… MALEVOLENCE ! Les Anglais sont en train d’exploser (toutes proportions gardées bien entendu) avec "Malicious Intent", sorti l’année dernière et ayant connu les joies de la sélection NIMEsque. Impeccables sur leur composition plutôt mid-tempo "Waste Of Myself", Alex Taylor y hurle comme à son habitude, sa rage étant habilement complétée par le chant grave et éraillé de Konan Hall ainsi que les leads de guitares de Josh Baines, qui assure avec application comme à son habitude. Mais si les Britanniques décrochent l’or à mes yeux, c’est grâce à leur cover de "Left Outside Alone".

Là où leurs petits camarades sont allés piocher chez des légendes du Metal, eux sortent des schémas habituels et nous déterrent une petite perle Pop perdue des années 2000 : ANASTACIA. Oui, vous avez bien lu. ANASTACIA, cette Californienne aux lunettes fumées ayant traversé tout ce que le spectre de la vie peut offrir en matière de hauts et de bas, démontrant une force de caractère assez hallucinante. En préparant cette chronique avec Fenryl, nous nous sommes aperçus qu’elle constituait une petite madeleine de Proust tant pour l’un que pour l’autre. D’un tube oublié, MALEVOLENCE nous pond une déclinaison fortement métallisée, portée à bout de bras par Konan Hall, magistral. Lourd, lent, mais constamment mélodique, "Left Outside Alone" clot les débats avec une certaine élégance et une nostalgie non feinte pour votre humble serviteur, les yeux étrangement embués au moment d’écrire ces lignes. Ça ne plaira pas à tous nos lecteurs, mais ça fait indubitablement mouche chez votre humble scribouillard.

Aucune réelle fausse note sur ce petit EP qui n’a d’autre ambition que celle de divertir et d’illustrer toute la palette allant du Brutal Death au Hardcore. Si de surcroit, cet EP peut permettre d'offrir de la visibilité à l'un de ces combos, que demander de plus ?
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Note réelle : 3,5/5.