Comment peut-on consciemment penser à évaluer comme « moyen » un album d'OPETH, à part si on fout ses goûts perso avant tout discernement objectif ? Comment, avec une telle qualité sonore et musicale, peut-on être à ce point aveugle des esgourdes ? Ah, je vous vois venir, avec vos goûts et vos couleurs (tiens, je la sors pas à tout vent celle-là moi aussi ?!), mais OPETH, comme EMPEROR dans le temps ou les plus grands skeuds de MAIDEN, ça dépasse les goûts et les couleurs. C'est grand. Peu importe la forme que ça prend, c'est grandiose.

Ce "Damnation", parenthèse atmosphérique et progressive dans la carrière des Suédois, fait office de méchant caneton dans leur disco. Et on saisit assez rapidement pourquoi. Un solo ? Deux ? Un passage lourdingue, deux ? Si vous montez à trois, vous êtes généreux. "Damnation" (ce titre, je l'aurais échangé avec "Delivrance", l'album précédent, qui était pas mal plus violent, alors que "Damnation" sonne comme une "Delivrance" pour moi, mais c'est juste moi, justement, juste...), bref, "Damnation" est lent. Sirupeux. Mélancolique à l'excès, il sent les 70's avec cette guitare sèche planante et ces claviers marécageux, aériens... Ça transpire les larmes et la nostalgie, ça prend aux tripes à tout moment...

"Damnation", c'est l'occasion pour OPETH de se reposer un peu après une période faste et de donner (enfin) le premier rôle à une facette qu'on admirait depuis longtemps dans son Death/Doom : la tendresse progressive. C'est aussi l'opportunité d'apprécier le talent des musiciens et surtout d'Akerfeldt et sa magnifique voix s'apparentant à celle de Serge Fiori, leader du meilleur groupe prog de l'histoire du Québec, HARMONIUM. Le travail aux claviers est particulièrement prenant et les refrains, sur certains titres, dont "Windowpane" ou "Hope Leaves" sont fameux.

Ce petit bijou d'album a bien sûr surpris les fans à sa sortie, moi le premier, mais il faut comprendre qu'OPETH n'est pas qu'une grosse brute death propre, il a un coeur grand comme le monde. Sa propension pour les balades mortuaires et déchirantes ("Coil" sur le dernier album est l'exemple parfait) et les atmosphères sorties d'un autre temps, sera toujours immense.

Merci OPETH.