Oyé, oyé, fan de la première heure ayant jeté l’éponge, Pearl Jam is back ! Et pas n’importe comment s’il vous plaît avec un vrai grand album, plein de subtilités notamment au niveau des guitares à la fois chaudes bouillantes et intimistes comme il faut. Ainsi ce « Binaural » marque le retour en grande forme de la paire Stone Gossard / Mike Mc Cready, l’une des plus talentueuses de la scène de Seattle divinement accompagnée par la voix si particulière d'Eddie Vedder faisant écho à la frappe sourde du nouveau batteur, l'ex-Soundgarden, Matt Cameron.

A ce titre, le groupe poursuit l’évolution engagée sur l’album « Yield » : une musique plus facilement assimilable associée à une approche plus mélodique. Autre point commun, l’ambiance des morceaux est désormais plus roots au sein des albums du groupe. L’ombre country Rock de Neil Young notamment plane sur les compositions du groupe au niveau des solos de plus en plus crépusculaires de Mr Gossard. Ainsi après trois titres rentre-dedans de très bonne facture (« Breakerfall », « God’s Dice », « Evacuation »), le groupe nous soumet une série de middle tempo gorgés de feeling et de mélancolie absolument magnifiques (« Light Years », « Nothing As It Seems »…). Comme toujours avec Pearl Jam, les ballades sont magiques, la voix d’Eddie Vedder étant toujours aussi troublante et vibrante de sensibilité. Par contre, je trouve que le groupe abuse des grosses rythmiques un poil faciles sur les titres les plus rapides qui s’ils sont toujours très efficace, n’ont pas l’originalité ni le groove d’un « Even Flow » par exemple. La production est quant à elle absolument parfaite, preuve de la maîtrise désormais totale du groupe sur son son, qui porte une griffe immédiatement identifiable : Brendan O’Brian, véritable maître artificié de ce style musical.

Au final, ce disque me fait l’effet d’un orage d’été à la fois ténébreux et apaisant, toujours empreint d’une mélancolie et d’une tension toujours palpable. « Binaural » est assurément l’un des meilleurs albums de Pearl Jam, peut-être un poil en dessous d’un « Ten » mais tout à fait capable de tenir la dragée haute à l’excellent « Versus ». En outre, on ne peut que saluer la conviction du groupe sur qui finalement les années ont peu de prise, de rester fidèle à un style musical désormais hors du temps. En effet, par un curieux retour des modes, sortir un album de grunge en 2000 est devenue une démarche artistique courageuse. Alors « Binaural », un nouveau départ ? Les paris sont ouverts….