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BLACK METAL MELODIQUE  |  STUDIO

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2022 1 Houle

HOULE - Houle (2022)
Par WËN le 12 Novembre 2024          Consultée 589 fois

"Quel gâchis !
Hurlante et vagissante, elle roule, la houle…
Tanguant et craquant, sous ses assauts, là-haut,
ils sombrent !"

Depuis 2022, les sorties en haute-mer ne sont plus les mêmes, le microcosme Black Metal français s'étant entiché - non sans déraison - d'une nouvelle et bruineuse formation. De fausses routes en vains espoirs, dus à de catastrophiques alignements des astres, nous voici, enfin, l'ancre levée et le bastingage ravaudé, prêts à rendre hommage à nos hagards mariniers de HOULE.

Misérables, rincés jusqu'aux eaux et transis jusqu'au plus profond de leur chair, évidemment qu'ils attirent l'attention, ces navigateurs de l'extrême. Des insoupçonnés rivages de cette Île De France d'où ils s'en furent prendre la vague début 2019, les voilà de retour tandis que s'étend déjà le crépuscule de cette sale année 2022, un premier filet rempli de quelques rances et âcres ritournelles. Car nulle pêche miraculeuse, chez HOULE. L'équipage serre les dents, ne devant son salut et son statut qu'à la qualité intrinsèque de la musique qu'il nous rapporte là, sur ce premier EP : un Black Metal mélodique, salé et désabusé, prenant aux tripes autant qu'il tend la trique.

C'est simple, bien loin de quelques clichés trop éculés que se traîne parfois le genre, HOULE, en troquant corpse-paint galvaudé contre marinières élimées et cirés déchirés, va directement jouer sur l'appel fatidique du grand large et nous enivrer de vivifiantes sensations avant de sciemment harponner tout ce qui lui passe dans le chalut. Il faut dire que ces hérauts de l'amer, la foëne affûtée et le grément solide, inébranlables faces aux éléments qui ne manquent de s'abattre sur cette carcasse qui leur tient lieu d'embarcation, savent évoquer - ambiances sonores à l'appui (mouettes, clapotis et craquements du pont compris) - un sacré imaginaire.

Les leads, assurées et pleines d'embrun (dès "Le Continent" c'est déjà un festival, mais "Sous l'Astre Noir" clôt le disque sous le sceau des même déchaînements élémentaux), savent vous ferrer et vous transpercer de part en part. Nous n'allons pas évoquer (en fait, si) ces moments si particuliers où, au cœur du cyclone, elles se gonflent de vent pour mugir en de terribles soli (l'outro de "Le Continent", le maelstrom central de "Sous l'Astre Noir") et ces autres où, au contraire, les guitares gémissantes de mélancolie, donnent le thon aux passages les plus dramatiques de "La Dernière Traversée" ("splendide", c'est le synonyme que vous cherchiez, si si). Le riffing, délétère (mangez-vous "Au Loin La Tempête"), mais ne concédant jamais une once d'agressivité lors de ses passages les plus accrocheurs (et pourtant, "Sous l'Astre Noir", ça sait tabasser) ne devraient pas laisser grand monde au port au moment d'embarquer pour cette trentaine de minutes de misère.

L'autre particularité du collectif, c'est la prestance de sa fiévreuse timonière. Adsagsona, la botte plantée dans le rostre, vomit sa haine-en-peine en d'amères et peu amènes oraisons, repoussant les funestes présages qui menacent son équipage et sa pêche. La basse, brasse à tout va derrière tout ça, maintenant le cap et s'accordant même le temps de cirer le pont de "La Dernière Traversée", lors de ses passages les plus introspectifs, tandis que la batterie roule des toms et déroule ses plans, au gré du gros temps. S'étalant de cinq à presque dix minutes, le quartette de morceaux qui compose le disque en ont à raconter, proposant tous leur petit quelque chose avec, comme dénominateur marin, la mer pour toile d'horizon. Bref, rien n'est laissé au hasard sur ce premier jet. Tout est ici finement décortiqué pour se hisser à la surface d'une grouillante scène underground et - bien épaulé par Les Acteurs De L'Ombre - s'extraire hors du panier de crabe, parfois fatal à nombre de ses congénères. Rendez-vous compte, le groupe parvient à ne jamais être pris en défaut sur quoique ce soit sur la totalité de cet EP.

Haut placé dans ma sept-liste 2022 (*), malgré son format d'apparence malingre, l'hommage qui lui était dû en nos lignes tendues lui est enfin rendu. Vivement la prochaine marée, "Ciel Cendre Et Misère Noire" pouvant décidément porter bien haut et loin leurs gréments, s'il parvient à baigner dans les mêmes et sordides eaux troubles.

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(*) BARRABAS, MONOLITHE, VENUS PRINCIPLE, CRONE, The OTOLITH, DREADNOUGHT, il va vraiment falloir faire sortir tout ça, à un moment !

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   WËN

 
   FREDOUILLE

 
   (2 chroniques)



- Crabe (guitare lead)
- Græy Gaast (basse)
- Zéphyr (guitare rythmique)
- Adsagsona (chant)
- Vikser (batterie)


1. Le Continent
2. Au Loin La Tempête
3. La Dernière Traversée
4. Sous L'astre Noir



             



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