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PEARL JAM - Dark Matter (2024)
Par WËN le 25 Novembre 2024          Consultée 1812 fois

La disco de PEARL JAM, sur NIME, vous l'aurez remarqué, n'a clairement pas une tête de porte bonheur. Voyez-vous-même cet encart à gauche, là : tout le monde lui est un peu passé dessus, dont votre serviteur, tout dernièrement. Évidemment, en résulte une cohérence discographique totalement aux fraises au moment où nous pouvions vous évoquer - lors de la chronique de son "Gigaton" de 2020 - un disque "d'aussi belle facture" face à des "derniers albums en date [qui] se montraient assez frileux". Ce que nous pensons toujours, sauf que vous voyez, les dits frileux albums affichent crânement des notes de 4 à 5/5 !

Certes, toutes les croûtes sont dans la peinture - aussi Grunge celles-ci puissent-t-elles être - mais si la notation de nos estimés collègues demeure globalement raccord à notre ressenti sur les premières sorties du combo et ce jusqu'au 2/5 accordé à "Riot Act" (2002) inclus, nous vous avouerons moins nous y retrouver ensuite. Jamais l'éponyme de 2006 ne peut prétendre à la note maximale ni ses successeurs dépasser honnêtement le 3/5 (ce qui est déjà bon en soi), tant ces disques manquaient cruellement d'ambition, témoignages sonores d'un groupe qui n'arrivait pas à passer sa crise de la quarantaine. Comprenez notre insistance sur ce point particulier, puisqu'en plus de redorer son blason avec "Gigaton", PEARL JAM entérinait du même coup un passage réussi dans sa troisième ère discographique (quatrième pour qui voudrait même laisser seuls devant "Ten" et "VS") après une franche période de disette et vous comprendrez sans doute avec quels émois et débordements de joie nous avons pu saouler nos collègues dans nos canaux de discussion (pardons, les gars), lors du premier parcourt de ce "Dark Matter" :

*** Transcription entrante du 24/04/24 ***

Ce sont simplement les chansons les plus matures de leur carrière ! Ça écrase tout ce qu'ils ont fait depuis vingt ans !!

Réellement. Je ne sais pas s'il y a eu coup de pouce d'un producteur ou quoi... Mais c'est finement composé au sens où il y a plein de détails, c'est hyper Rock (guitares/batterie gonflées à bloc) ! De bon solos ! J'espère juste que ça va continuer à me faire le même effet sur les écoutes suivantes, hein !

Mais ça ne m'avait pas fait ça depuis... "Yield", et là on est clairement au-dessus en termes de profondeur de compo !

Bien content de ne pas avoir fait de sélection pour le précédent !!

*** Fin de transcription ***


Certes, si trop d'enthousiasme tue l'enthousiasme, nous n'avions en tout cas pas été happés d'une telle force à l'exploration d'un skeud depuis bien longtemps. Évidemment, revenu de la phase de découverte et cet entrain communicatif passé, le challenge véritable consiste maintenant à nuancer tout cela tout en pouvant sereinement expliquer cette sélection que "Dark Matter" parvient ici à décrocher haut la main.

En effet, si son prédécesseur lançait pas mal d'idées et ouvrait la voie à un futur radieux, les amis, "Dark Matter" arrive à le surpasser d'une bonne tête. "Dark Matter" fait mieux que "Gigaton". Les éléments étaient posés, PEARL JAM, ne fait que les améliorer. Et pour qui avait apprécier la vue en 2020, ce cru-ci ne changera pas la donne, et vous pourrez y retrouver LA patte PEARL JAM historique lors de quelques titres typiques comme on aime encore à en découvrir plus de trente-cinq ans après leurs débuts ("React, Respond", "Got To Give", "Wreckage" plus simplement Rock-ricain, ou même "Upper Hand"), intercalés de ces brûlots modernes typiques de ces dernières années ("Sacred Of Fear", chargé d'ouvrir les hostilités - c'est le mot - "Dark Matter", "Running"), imparables et vrombissants, et qui participent à ancrer PJ dans notre époque, tout en en rappelant aux cinq de Seattle les prods les plus lourdes du Grunge des '90 (Matt Cameron a dû plus d'une fois penser à ses propres "Badmotorfinger" et "Superunknown" via ses débuts chez SOUNDGARDEN).

Et c'est là, que nous devons tout de suite aborder LE point qui propulse si haut PEARL JAM avec cet album. Le travail d'Andrew Watt à la prod (et également co-crédité sur quelques compositions) est... prodigieux ? Non content d'accompagner le crew, il le fait sonner. Découvert par Eddie Vedder (chant) lors de l'enregistrement de son troisième album solo, l'apport du gars est indéniable (le groupe ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à son sujet) (*). Son enthousiasme à produire le survivant de Seattle est palpable tout du long des onze morceaux qui composent ce "Dark Matter" et - à notre sens - il met précisément le doigt sur ce que le groupe n'avait que partiellement réussi à finaliser en trente-cinq ans malgré sa palanquée de classiques : un disque produit, un disque peaufiné dans ses arrangements et dans la façon d'y faire résonner les instruments individuellement dans l'ensemble, moins sèchement, moins basiquement Rock qu'à l'accoutumée. La partie rythmique est supra-dense, les guitares sont délicieusement saturées, voire rudement douces dans leurs épanchements les plus acoustiques, de (très) légers claviers ci et là (l'intro de "Upper Hand") donnent du liant au tout, et Vedder s'affranchit même de ses trop récurrents mmhmmhages…

Si sur la forme "Dark Matter" se veut néanmoins la continuité logique de "Gigaton", le fond est y est donc plus poussé. Mais l'autre grosse différence qui fait son œuvre ici est la direction artistique décidée dans l'approche, car le présent disque ce veut irrémédiablement plus immédiat, plus homogène aussi. "Gigaton" était un disque de confinement, témoin d'une société souffreteuse (enregistré sur plusieurs années, avec toutes les contraintes et atouts que cela a pu lui conférer) ; Pour "Dark Matter", tout en poussant les potards à fond, PEARL JAM a désiré conserver une certaine authenticité, privilégiant l'impact instantané du Rock à trop de tergiversations, composant en groupe, en de petites sessions de deux heures par chanson leur permettant d'en dégager l'essentiel tout en en conservant une certaine énergie 'live' (en témoignent ces quelques soli impromptus de Mike McCready dont on ne sait pas toujours d'où ils viennent, mais qui vous mouchent à chaque fois comme sur "Sacred Of Fear", "Got To Give", "Waiting For Stevie", "Upper Hand" etc.), et d'ainsi ne jamais prendre le risque d'en perdre la verve, le verbe, la vibe initiale… quitte à revenir ensuite sur les détails à tête reposée.

Plus court que son aîné (48 minutes contre 57), il se perd aussi moins en chemin sur ses derniers titres et va à l'essentiel. Même lorsque PEARL JAM y tente des trucs sur des morceaux plus posés (l'outro de "Waiting For Stevie", les guitares surfy sur le timbre grave et envoutant de Vedder sur "Setting Sun" qui clôt idéalement le disque, la belle "Something Special") il demeure très homogène et jamais les titres les plus ambitieux ("Won't Tell", "Upper Hand" écho d'un "Nothing At It Seems" en son temps) ne partent dans trop de directions différentes. Certains légers accents Britpop des 2000 (période "Be Here Now" d'OASIS, n'ayons pas peur de le reconnaitre) peuvent discrètement surnager et surprendre au détour de certaines digressions de "Something Special", "Got To Give" ou du final de "Upper Hand", mais rien qui dénaturera le tout à un quelconque moment.

Vous l'aurez compris, s'il ne décroche pas la note maximale (un PJ le peut-il réellement en 2024, vu son glorieux passé ?), le voilà en tout cas mériter amplement cette sélection hebdo qui, nous l'espérons, pourra vous décider à vous y plonger. Si "Gigaton" voyait son 3,5/5 arrondi à l'étoile supérieure pour la bonne surprise qu'il avait su provoquer, ici le 4/5 est franc et sans contestation possible. Nous avons en tout cas très hâte - et c'est un gage de qualité - d'en découvrir rapidement certains titres en live.

:::

(*) Si au palmarès du bonhomme, on connaît évidemment les STONES et Osbourne en solo, Andrew Watt voit large, puisqu'ayant aussi pu accompagner Lady Gaga, Post Malone, Miley Cyrus ou Justin Bieber et Iggy Pop.

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   (2 chroniques)



- Eddie Vedder (chant, guitare, claviers)
- Mike Mccready (guitare, claviers)
- Stone Gossard (guitare)
- Jeff Ament (basse, guitare)
- Matt Cameron (batterie, percussions)


1. Sacred Of Fear
2. React, Respond
3. Wreckage
4. Dark Matter
5. Won’t Tell
6. Upper Hand
7. Waiting For Stevie
8. Running
9. Something Special
10. Got To Give
11. Setting Sun



             



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