TYPE O NEGATIVE a toujours eu le cul entre deux chaises. Trop soft pour certains, trop rentre-dedans pour d’autres. Il faut dire que l’imagerie du groupe et la personnalité hors-norme de Peter Steele (chant, basse) y sont pour beaucoup.

Dans la quasi intégralité de leur discographie se côtoient au sein de mêmes morceaux des influences telles que les BEATLES, BLACK SABBATH, du Punk ainsi qu’une bonne dose de Métal Gothique. Si cet album n’est pas le plus reconnu des natifs de Brooklyn, il définit le mieux l’esprit de ce groupe étrange. Une musique un peu abrupte de prime abord, mais toujours mélodieuse, avec cette voix d’outre-tombe à qui l’on n’a pas envie de dire non…

"World Coming Down" ou le début de la longue dépression d’un artiste attachant, et de sa déchéance physique. Au delà de l’état d’esprit, la musique est belle et violente à la fois. Il suffit d’écouter "Everything Dies" pour s’en convaincre. Une magnifique complainte froide et acerbe sans mièvrerie. L’ambiance est glauque mais jamais désespérée. Même constat pour "Everyone I Love Is Dead" avec ce tempo lourd et écrasant. Les claviers sont partie intégrante de l’écriture et font sonner les titres comme des cérémonies funestes.

Malheureusement lorsqu’on écrit un tel album, on se laisse tenter à quelques expérimentations et interludes qui font parfois office de déchets. Néanmoins dans l’ensemble, on arrive à y trouver son compte, pour peu que l’on soit pourvu de patience, car il n’est pas question d’écouter la galette d’une oreille distraite et aléatoire. Des caps sont à franchir…

Un disque rude, difficile d’accès, accouché dans la douleur mais qui sait bien souvent se montrer exaltant. La magnifique pochette représentant le pont de Brooklyn de nuit au travail photographique exceptionnel, l’une des plus belles qu’il m’ait été proposée de voir devrait permettre aux derniers réfractaires de rentrer dans le monde défunt de Peter Steele.