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BLACK METAL BAROQUE  |  STUDIO

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- Style : Öxxö Xööx, Thy Catafalque

SIGH - Hail Horror Hail (1997)
Par JULIEN le 7 Septembre 2003          Consultée 11577 fois

Alors là attention, car vous vous apprêtez à entrer dans une autre dimension, où folie et art du décalé sont des monarques intraitables, où toute vélléité conformiste se sanctionne d'une longue litanie sardonique. Oui, les démons japonais de SIGH sont des tarés de première, et vous le font savoir avec entrain via ce "Hail Horror Hail".

Remarquez, le petit cartouche au verso de la pochette nous mettait aimablement en garde, spécifiant bien que rien ne serait laissé au hasard sur cette galette d'aliénés : des gémissements de chiens et autres bruitages insolites jusqu'aux rythmiques ultra crues à la CELTIC FROST, en passant par une utilisation généreuse de tous les instruments possibles (cordes, cuivres, vents) et d'avalanches d'orchestrations dignes de véritables B.O., SIGH fracasse les conventions du Metal et accouche d'une créature monstrueuse, improbable, mais tellement
réjouissante que pour une fois, on remerciera les aléas sadiques d'une réalité qui fit se rencontrer ces trois artistes de l'impossible.

Pour l'avoir moi même expérimenté, je devine le désarroi du néophyte...
aussi vais-je tâcher de me montrer un tant soit peu plus explicite. SIGH, c'est une cascade sonore tellement versatile que jamais l'eau limpide du coutumier n'y trouve davantage que quelques instants d'écoulement, le flot cristallin auquel nous sommes tous habitués se voyant incessamment coupé d'humeurs visqueuses, d'arc en ciel tellement rutilants qu'ils en blessent la cornée, et d'autres substances insaisissables. C'est plus clair ? Non ?

"Hail Horror Hail", c'est la fornication incessante d'un Metal massivement dédié à l'horreur (tiens donc), mais pas seulement : Ecoutez "42 49", son entrée en scène d'un morbide à filer les jetons, que tranche abruptement saxophone et pianos déglingués sur tapis velouté d'ambiance de club privé intimiste, avant un retour du thème précédent, rehaussé d'arrangements orchestraux que seul le SYMPHONY X récent parvient à maîtriser, et qui termine son périple sur un passage typiquement CRADLE OF FILTH ! Dégustez cet "Invitation To Die", ses guitares tout en feeling, sa curieuse mélodie, terriblement belle et relaxante, planant sur une boucle de percussions et un chant Black haché, avec braillements de bébé et pianos intervenant intempestivement ! Envoyez vous le morceau titre qui ouvre cette expérience, déboulant sans prévenir sur un solo de guitare qu'on croirait échappé des 70's (même le son salement électrique y est !), débouchant sur une longue plage symphonique et barrée complètement hallucinante !

Oui, le mot est lâché ! SIGH est hallucinant ! Hallucinant d'inspiration bien frappée, et sans glaçons s'il vous plaît ! Hallucinant d'audace et d'expérimentations débridées, et ce sur ses neufs fruits déraisonnables ! Hallucinant par sa capacité à toucher à tous les domaines, et à mettre systématiquement dans le mille ! Hallucinant parce que sa musique possède la force d'une B.O. - bonne chance pour dénicher le réalisateur capable de la mettre en image -, et qu'elle nous happe sans nous laisser la moindre chance de nous raccrocher à quelque indice de consensus. Vous avez décelé un petit gimmick rassurant, du genre qui favorise l'apposition des étiquettes ? Qu'à cela ne tienne, SIGH s'empressera de la dégommer dans les cinq secondes, un rictus moqueur aux lèvres !

Avec tout ça, on pourrait croire qu'à vouloir jouer à fond la carte d'une créativité baffrant à tous les râteliers, du monde cybernétique aux mélodies piquées aux jeux vidéos, sans oublier les similis génériques kitsch au possible et un certain folklore local, SIGH finirait bien vite par se fourvoyer dans un salmigondis infâme et imbittable, purement oiseux. Eh, vous le croyiez sincèrement ?! Détrompez vous, le génial Mirai et ses deux associés en costume de démence sont des cuisiniers de l'extrême, et leur dosage des ingrédients hétéroclites à partir desquels ils opèrent est tout simplement saisissant d'équilibre. Leur mixture bariolée est d'une saveur unique, douce, épicée, rude, mystérieuse, exotique, sablée, veloutée, grandiloquente... un carrousel à l'allure de miracle. Et ne demandez pas comment ils ont fait : à l'instar des maîtres des sens, voilà trois hommes qui ont claquemuré tous leurs secrets dans une chambre forte qu'ils ne s'autorisent à entrouvrir que l'espace de cinquante minutes. Et puis plus rien, seulement une assiette désespérément vide, qui hurle sa condition d'orpheline subite : ben tiens, ce n'est pas tous les jours qu'elle pourra se targuer de recevoir pareils invités, allez !

Bon, je crois en avoir assez dit : "Hail Horror Hail" est un magistral coup de tonnerre qui redéfinit jusqu'à la notion même de (Black) Metal. "Hail Horror Hail", c'est une pièce d'orfèvrerie complètement azimutée,sur laquelle on ne peut que jeter une convoitise légitime. "Hail Horror Hail", c'est un monstrueux plat inédit aux ingrédients innombrables, une satisfaction des sens qui ne connaît aucune lassitude tant la matière est riche de nuances et de parfums variés et contrastés. "Hail Horror Hail", pour tout dire et ne rien en dire à la fois, c'est un chef d'oeuvre cinglé et un monument de l'art extrême. En toute complexité !

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Par JULIEN




 
   JULIEN

 
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- Mirai (chant, basse, claviers, piano,pro)
- Satoshi (batterie, percussions)
- Shinichi (guitare, basse)


1. Hail Horror Hail
2. 42 49
3. 12 Souls
4. Burial
5. The Dead Sing
6. Invitation To Die
7. Pathetic
8. Curse Of Izanagi
9. Seed Of Eternity



             



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