Voici ! Voici venu le moment tant attendu pour les trois lecteurs et demi qui partagent mon opinion sur les débuts de carrière d'AT THE GATES. Le moment de cracher sur le pseudo-monument du death mélodique, le moment de renier la tubification et la simplification d'un groupe si créatif. Le moment de célébrer la folie et la jeunesse. Le moment de clamer que c'était mieux avant. Le moment de ne lâcher qu'une unique étoile en signe de mépris.

Sauf que non parce "Slaughter Of The Soul" est plutôt bon en fait. Et j'effectue ainsi une double trahison envers les deux factions ("The Red" Vs "Slaughter") qui séparent les fans d'AT THE GATES, sûrement parce que je suis un rebelle. (1)

Alors qu'est-ce que "Slaughter Of The Soul" ?
"Slaughter Of The Soul" est un exemple d'un groupe ayant réussi à simplifier sa musique sans lui enlever tout intérêt artistique, ce qui demande, comme je le disais sur "Terminal Spirit Disease", de l'adresse en plus d'un certain courage. Il est normal de regretter la disparition du contrepoint, des structures à tiroirs, du Lindberg d'antan ou simplement d'une identité qui reste forte encore aujourd'hui.

Il faut cependant rappeler que sur "Slaughter Of The Soul", AT THE GATES ne se suicide pas. Il change simplement d'identité sonore. Car voici venir le gros son, énorme, démesuré pour l'époque. Voici venir le "riff AT THE GATES", le premier à retentir passé les quelques secondes d'effets sonores vous le reverrez tout au long de l'album. "Voici venir la genèse du mélocore mielleux et générique", hurlent les détracteurs, et ils auraient raison sur ce point. Cependant nombre détracteurs de "Slaughter Of The Soul" oublient un principe si important, un oubli plus souvent utilisé pour remonter une note que pour la descendre. Ce principe le voici :

La valeur d'une œuvre ne dépend que de l’œuvre traitée, et de rien d'autre.

Le contexte, l'héritage, l'influence, ne sont que des éléments annexes, qui peuvent orienter notre appréciation, notre sens critique, notre goût mais en aucun cas ne doivent le supplanter.
Oui AT THE GATES est partiellement responsable de nombre de nombre de plaies du Metal moderne, du Metalcore Mélodique, de l'uniformisation de l'écriture chez des milliers de guitaristes (2), ceci ne doit en rien altérer son expérience, ni influencer son opinion.

Or mon opinion, la voici : si l'on excepte le solo de "Cold" – dont l'annonce est certes spectaculaire – la technique vocale ou instrumentale déployée est moins intéressante que ce qu'elle a pu être. Passée la bourrasque des trois premières pistes on comprend le disque, on en saisit les astuces, les procédés, on se sent les dominer. Quand bien même on aurait tort – parce que ces gens ne sont pas n'importe qui - cette impression est désagréable, elle casse le lien entre l'auditeur. On assiste alors à la marche d'une machine qui fonctionne, à l'exécution d'une formule éprouvée. Et ça lasse.

Non vraiment je n'aime pas trop cet album. Et pourtant je le reconnaît comme bon : voyez la note. Il est même un peu meilleur que sa préface, "Terminal Spirit Disease", il mérite un demi point supplémentaire. Parce quand bien même l'AT THE GATES nouvelle formule serait un peu simplet – peut-être un peu trop direct pour moi - tout cela est quand même fort bien exécuté, ficelé, emballé, pesé, krox terminée.

(1) (Breaking the law, Breaking the laaaaw)
(2) Un guitariste de ma connaissance a mis plus d'un an avant d'écrire un riff qui ne soit pas sorti de chez "Slaughter Of The Soul" ou de THE BLACK DAHLIA MURDER et je vous assure que ce n'est pas une tanche.