Mark VII

Jon Lord est donc parti. Avec lui, c’est un membre qui n’a jamais cédé sa place au sein de DEEP PURPLE qui s’en va, doublé d’un compositeur intéressant, parfois farfelu, souvent capable de trouver la mélodie imparable pour faire briller le groupe. Son remplacement par l’ancien RAINBOW Don Airey est quelque part le choix le plus logique et il s’est imposé au groupe comme une évidence de toute manière.

Et une « nouveauté » n’allant jamais sans une autre, les musiciens vont également faire pour la première fois depuis longtemps appel à un producteur extérieur et le choix de Michael Bradford n’est pas forcément une bonne idée, ce dernier va participer à la composition et faire des choix douteux quant à l’exécution de certains morceaux. D’ailleurs, "House Of Pain" et "Walk On", les deux morceaux qu’il a co-écrit, sont les plus mauvais, pataud pour le premier, interminable et ennuyeux pour le second.

DEEP PURPLE revient à quelque chose de plus calme, plus posé, loin du déballage Hard Rock bourrin de "Abandon", mais nous sommes loin, très loin de la qualité de l’exceptionnel "Purpendicular" sorti sept ans plus tôt. Il y a du bon dessus, comme "Picture Of Innocence" et "I Got Your Number", qui sont les derniers travaux de Lord pour DEEP PURPLE, ou encore l’étrange et moderne "Doing It Tonight" qui s’avère de loin le plus intéressant de ce qui est proposé là.

Pour le reste, on flotte entre le moyen et le mauvais, avec des partis-pris de production à faire se dresser les cheveux sur la tête : tout semble calibré ici, certaines chansons paraissent inachevées, tronquées et cela devient petit à petit insupportable. Ajoutez à cela une pochette qui donne envie de se taper une salade de fruit et vous comprendrez rapidement que ce disque ait connu une carrière somme toute confidentielle.

Bizarrement, même si à force de produire les albums Glover commençait à user les vieilles ficelles et à tourner sacrément en rond, sa présence derrière les manettes aurait peut-être changé la donne et fait que cet album soit meilleur. Là, on se retrouve avec un "Bananas" trop mûr, trop sucré, qui laisse un goût amer en bouche…