Le metal à chanteuse. Au moment où déboulait « The Phantom Agony », je le considérais comme scindé en deux genres distincts. Distincts probablement en raison de la scène depuis laquelle chacun tirait sa substance nourricière. NIGHTWISH ou EDENBRIDGE, le heavy. WITHIN TEMPTATION (eh oui !), TRISTANIA ou THE SINS OF THY BELOVED, l’extrême. Avec EPICA, la donne est légèrement relancée. Légèrement car ce premier album mêlant le gothique et les growls reste fermement ancré dans l’extrême. C’est la suite qui verra les Hollandais jeter un véritable pont entre les deux scènes. Et qui permettra à une palanquée de formations d’y dresser leur camp, heureuses de se dénicher un coin où le metal peut se faire brutal tout en restant grand public.
Avec « Phantom Agony », EPICA sort son chef-d’œuvre. Et sort un chef-d’œuvre du metal symphonique. C’était mes premiers mots à l’époque, ils n’ont donc pas changé. Simone Simons constitue une découverte inespérée, avec ce timbre juste et touchant, nettement moins froid qu’à l’habitude dans ce registre opératique et technique. Et l’alliance entre des ambiances baroques très marquées, des orchestrations riches et denses, des growls incisifs et toujours soignés, aboutissent à un rendu unique. Beau, touchant, parfois entrainant lors des accélérations régulières, le niveau de composition d’EPICA s’avère sans faille. Même la batterie, généralement reléguée au second plan sur ce type d’album, tire son épingle du jeu, offrant une profondeur accrue à l’album. Une découverte majeure. Ma seule crainte était qu’avec la présence d’un WITHIN TEMPTATION prééminent, il ne reste plus assez de place pour une nouvelle formation Hollandaise avec chant féminin. EPICA me rassure en démontrant que la place existait bien, à un autre endroit, et qu’il faudrait dès lors compter sur elle pour de nombreuses années.