Il y a des mystères dans la vie qui sont insolubles. Les statues de l’Ile de Pâques, par exemple. Ou Stonehenge. Et "St Anger" et sa batterie de cuisine. Parce que franchement, prenez vos casseroles, vos poêles, tapez dessus et vous pouvez postuler au sein de METALLICA pour remplacer Lars Ulrich. Bon, j’exagère peut-être, mais il y a un peu de ça quand même. Et l’autre mystère, c’est pourquoi nous sommes quelques-uns à le défendre (sans pour autant s’enflammer, hein, on ne cause pas des miracles reconnus par l’Eglise).

Imaginez un groupe qui s’est perdu, qui s’enfonce de plus en plus profondément. Acculé, comme un chat, il peut devenir dangereux. Mais pour METALLICA, ça va être différent. METALLICA est en roue libre, il sait que "Load" et "Reload" n’ont pas satisfait les fans, qui se sont déchirés, entre ceux qui adhéraient au discours et ceux qui le rejetaient. Le paysage musical n’était plus le même et le duo de tête pensante a décidé de coller aux wagons de ce qui était à la mode. "St Anger", avec sa pochette euh… sa pochette, va montrer un nouveau visage de METALLICA.

Nous ne sommes pas dans la continuité de ce qui a été fait dans la seconde moitié des ’90, ni même dans un retour aux sources Thrash. Non, METALLICA va proposer quelque chose de moderne, sans que ce soit du Neo Metal. En fait, "St Anger", c’est un parpaing. Massif. Dur, répétitif, agressif, avec une violence qui remonte à la surface, une certaine colère, voire une rage. Jason Newsted claque la porte, il est remplacé par Rob Trujilo. Et cette batterie, qui est le véritable point noir de ce disque qui aurait pu être tellement plus marquant !

Certes, les esprits chagrins pleureront l’absence de solo digne de ce nom. Kirk Hammet semble faire de la figuration sur "St Anger", mais ce n’est pas ça ce qui est vraiment à conserver de ce disque. C’est cette foutue batterie de merde. Lars, considéré comme le meilleur batteur de Metal par les lecteurs de feu Hard Rock Mag dans les années 90 (ouarf !), oublie de faire un réglage sur sa batterie et décide de conserver ce son de merde. Merci la cocaïne, l’absence de recul et… la suffisance ?

"St Anger" a été accouché dans la douleur, quand les problèmes d’alcool de James Hetfield prenaient des proportions assez dramatiques. Cette noirceur se ressent dans cette musique qui est fatigante, mais loin, très loin d’être inintéressante. D’ailleurs, le DVD qui accompagne le disque, où le groupe joue avec un putain de son de batterie normal, montre que "St Anger" aurait pu être une vraie renaissance pour un groupe qui ne sait plus trop comment se placer dans le paysage musical de l’époque.

"St Anger" est un disque douloureux. Qui se mérite, parce qu’il faut le dompter. On est loin du produit calibré et finalement, c’est vraiment courageux, quelque part. METALLICA aurait pu littéralement sombrer, il aurait pu imploser. Il s’est juste fait railler, montré du doigt. Et le groupe a survécu, malgré tout. Et c’est là que l’on discerne sa force, sa volonté de fer et sa popularité.