Construit sur les ruines d’AMPUTATION, IMMORTAL déboule à toute allure dans le paysage nordique, passant d’une démo de Death des cavernes (juin 1991) à un premier EP de Black (octobre 1991) - une des conversions les plus rapides de l’histoire - qui leur offre un contrat avec le tout jeune Osmose Productions. Enregistré en avril 92 et sorti début juillet (un délai remarquablement court pour l’époque), "Diabolical Fullmoon Mysticism" fait donc partie des trois premiers disques de Black Metal Norvégien publiés, en cela il est pionnier et devance beaucoup d’autres.
Un bien étrange premier album, aux relents de Death ("Unholy Forces Of Evil" qui reprend des riffs de "Suffocate The Masses" de la démo), imitant BATHORY jusqu’à l’adoration et qui reste, en immense majorité, sur un mid-tempo de croisière, très loin de la vitesse qui fera la réputation d’Abbath et Demonaz.

Le disque génère des avis polarisés.
Parmi ses atouts il y a ce statut de pionnier mentionné plus haut mais aussi ses traces notoires du futur d’IMMORTAL qui s’esquissent. Ce n’est pas forcément évident à déceler mais en tendant l’oreille on entend beaucoup de choses que le groupe va approfondir/recycler durant toute sa carrière et même jusqu’à "Northern Chaos Gods". On entend par exemple les progressions d’accords de "Blashyrkh, Mighty Ravendark" sur "Cryptic Winterstorm", des nuages électriques qui annoncent "Pure Holocaust" ou des soli foutraques en fin de morceaux (piqués à Quorthon).

Faut dire qu’en 1992 la musique du trio paraissait fraîche. Ressusciter BATHORY n’est pas encore le standard. Il fait bien avouer que de ce point de vue les pandas Doom Occulta poussent vraiment loin le bouchon : de groupe Death quelconque IMMORTAL devient en fait le plus gros tribute-band de BATHORY.
Si tout le Black mondial s’y est copieusement référé, nos amis de Bergen repompent allègrement tout l’art de Quorthon: le son (noyé dans la reverb’ jusqu’aux vocaux d’Abbath), les structures et les détails, jusqu’à la batterie (réverbérée à mort) qui fait avancer les mid-tempi comme sur "Blood Fire Death" ou "Call From The Grave" ("A Perfect Vision Of Rising Northland", "Cryptic Winterstorm"). Et lors des rares blasts, Armaggeda tape sur son kit avec exactement le même primitivisme barbare que sur "Massacre" ou "Chariots Of Fire".

Leur adoration pour BATHORY ne s’arrêtera pas là puisque, malgré avoir creusé leur style unique, ils continueront de s’abreuver à sa source au cours des années (les mythiques arpèges acoustiques qu’ils nous servent depuis "Blashyrkh" sont totalement repompé de "Enter The Eternal Fire", titre qu’on peut légitimement soupçonner d’avoir servi de base à "At The Heart Of Winter").

Pour l’heure l’imitation un peu trop évidente du maître suédois, même regardée avec tendresse, ne peut qu’handicaper la note objective qu’on donnera à ce premier disque sympathique, surtout quand on sait que le coup d’après s’appelle "Pure Holocaust".
J'aurai pourtant bien aimé le réhabiliter avec un généreux 3/5, mais ce ne serait franchement pas juste.

Note réelle: 2,5/5.