Peut-être le plus violent album de Manson, pas le plus profond, mais le plus efficace sur la forme, certainement. Tout est ici matière à dénaturer la mélodie première afin de la rendre plus efficiente, rageuse, brutale, et à vrai dire totalement à propos. "Antichrist Superstar" est l'archétype même de la subversion intelligible dans un Pays malmené par ses contradictions, les États-Unis.

Le révérend Manson a certes été affilié à la mouvance Indus, sans doute parce qu'arrivé au bon moment au bon endroit, mais tous ses albums ne suivent pas cette ligne directrice appliquée ici.
D'ailleurs, sur le fond, ce disque tend à se rapprocher de la mouvance gothique, avec des textes sombres, personnels et quelque peu dérangeants...

"Irresponsible Hate Anthem" entame la première tranche de pâté, brute, criarde, agressive tel un hymne Punk, d'une rythmique haletante qui n'attend qu'une provocation pour répondre au millième. Un monstre de violence musicale directe et frontale, sans aucune concession. Le reste est plus nuancé, mais pas moins brutal. "Tourniquet" et surtout "Mister Superstar" s'imbriquant naturellement dans ce déferlement de haine contre « l'establishment », dont Manson en deviendra non pas un de ses plus éminents représentants, mais un client assagi bien plus tard...

toutefois, ne boudons pas notre plaisir, le trublion est alors bien entouré, et dévoile sa profondeur musicale pas entièrement assumée à l'époque, mais palpable, d'une lecture particulièrement prégnante, notamment sur les remarquables "The Reflecting God", et "Man That You Fear", où la folie paradoxale de notre époque ubuesque alors naissante, ou (re) naissante au vu de l'histoire du monde prend tout son envol. Une œuvre d'une violence verbale inouïe, et d'un rendu sonore cataclysmique.

Un album saisissant, spectaculaire et presque visionnaire...