« Vain Glory Opera » figure incontestablement parmi les albums ayant permis au revival heavy amorcé quelques mois avant sa sortie de s’émanciper. Si EDGUY a profité de ce revival pour s’imposer (témoin en est le mépris réservé aux deux albums déjà publiés par les Allemands), il lui a ensuite rendu la monnaie de sa pièce en lui fournissant une légitimité. L’Allemagne est déjà conquise par EDGUY. Pour la France, il faudra patienter avec ces 6 ou 700 copies importées au compte-gouttes (sachant que les sites de téléchargement ne disposaient pas d’un « catalogue » aussi exhaustif qu’aujourd’hui). Ce qui n’a pas empêché EDGUY de se faire élire meilleur espoir lors d’un référendum paru dans Hard-Rock (cela dit, le magazine avait bien préparé le terrain en évoquant longuement le cas EDGUY, comme pour se rattraper de son manque de conviction clairement affiché quant à l’effet dans le temps du revival heavy).

Je n’ai jamais trouvé cet album aussi bon qu’on a bien voulu le dire. Je n’aurais pas forcément parié sur une telle conquête par la suite. Et j’avoue que ceux qui avaient perçu le potentiel de la bande à Sammet à l’aune de cet album ont eu davantage le nez creux que moi. En fait, ce que je reproche à « Vain Glory Opera », c’est son aspect fourre-tout. On sait les Allemands très à l’aise pour élargir leur spectre d’investigation, puiser aussi bien dans la scène traditionnelle heavy que hard-rock, ne pas hésiter à verser dans le symphonique ou le pompeux. Mais sur cet opus-ci, EDGUY se lance en chien fou et oublie de se dénicher une ligne directrice. Ce que j’apprécie, au contraire, c’est cette facilité à rendre plus léger un style finalement assez sérieux (« Vain Glory Opera »). Le chant de Sammet, aussi, fait preuve d’aptitudes incontestables. Entre Michael Kiske et Bruce Dickinson, le bonhomme assure et se montrera en outre un frontman des plus agréables. Enfin, « Vain GLory Opera » est aussi l’occasion de découvrir une petite perle en la présence de « Out Of Control », hymne dantesque qui voit la participation du non moins dantesque Hansi Kürsch.

Un bon album, en tout cas, première véritable pierre posée à l’édifice EDGUY. Une pierre encore un peu poreuse et mal assujettie. Mais massive et taillée dans le meilleur roc. On le constatera avec « Theater Of Salvation », l’une des merveilles du speed mélodique « post-Keeper(s) ».