En voilà un album qu’il est bon de redécouvrir.

Je me souviens qu’à l’époque, il avait - à mes yeux du moins - souffert de la comparaison avec les GUNS. Du fait de son line-up (Slash, Duff, Sorum), j’espérais clairement retrouver le mordant d’une formation mythique qui s’était perdue dans les délires mégalomanes de son Lider Max(l)imo. Or, à l’instar d’AUDIOSLAVE, autre supergroupe contemporain, VELVET REVOLVER est bien une entité à part entière, dont la musique ressemble finalement assez peu à celle de son grand-frère.

Le temps lui rendra justice, tant la galette s’avère rétrospectivement de qualité, sans temps mort si ce n’est un léger abus de balades sur la seconde partie du disque ("Fall To Pieces" suffisait à mon sens). Weiland y excelle, car il est porté par une machine rythmique ultra-précise et percutante. Le tube "Slither", Heavy à souhait, est à ce titre relativement imparable. Il y avait quelque-chose d’assez unique dans la voix de ce grand détraqué, un mélange de morgue et de fragilité ("Illegal I Song"), de celui qui cache ses fêlures derrière une arrogance sur-jouée. Il me manque…
Tout en sobriété, le père Hudson s’efface relativement au profit des compositions, même si l’on reconnaît sa patte inimitable sur chaque piste, plutôt au fond du mix, et c’est tant mieux.

Les morceaux sont tous calibrés radio à la façon d’un FOO FIGHTERS ("Spectacle" y fait directement penser), mais super-bien branlés, et nous replongent dans une époque où les galettes Hard-Rock de qualité sortaient naturellement sans discontinuité. Il me semble que "Contraband" marque quelque peu la fin de cette période bénie des dieux du ouakenouoll, le genre passant de mode auprès d’un public qui s’était repu de ce festin de roi.
Cela aura duré vingt ans, c’est déjà pas mal.