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NIGHTWISH - Once (2004)
Par GUILLAUME le 21 Juin 2004          Consultée 50932 fois

On se souvient des conditions dans lesquelles Century Child avait été composé et annoncé au premier semestre 2002. L’atmosphère délétère qui accompagnait le groupe depuis 2001 était au centre des discussions. Mais NIGHTWISH a pris les décisions qui s’imposaient. Tuomas Holopainen remerciait le bassiste Sami Vänska, transparent en studio autant que sur scène et le remplaçait par l’ineffable Marco Hietala issu de Sinergy.

D’où surgissait un climat d’incertitude lorsque la frontwoman de Sinergy, Kimberly Goss lançait la rumeur du départ de Tarja Turunen de NIGHTWISH. Rapidement démentie, la rumeur se soldait par une année sabbatique pour permettre à la vocaliste de suivre son année de cours de chant en Allemagne. Néanmoins, il est indéniable que cette ambiance pesa sur la composition de Century Child, plus sombre et torturé, plus heavy et agressif, mais moins inspiré et varié aussi… Alors que les « spécialistes » de tout poil annonçaient la fin du groupe, NIGHTWISH plus ressoudé que jamais entrait en studio en octobre 2003 pour l’enregistrement de leur cinquième album, Once.

Et quel retour fracassant ! Tuomas en a fait un album sans concession, dans lequel chacune de ses idées sont loin d’être avortées. L’élément primordial de cet album est l’orchestre symphonique présent sur 9 morceaux de Once. Le London Studio Orchestra est celui là même ayant servi à la bande originale du Seigneur des Anneaux, 52 musiciens dirigés par Pip Williams, contrastant sévèrement avec le rendu de l’orchestre symphonique de Joensuu qu’on entendait sur peu de titres de Century Child.

Dark Chest Of Wonders en retire une profondeur étourdissante, tant l’ensemble approche la perfection. Emppu conserve son jeu puissant et heavy adopté depuis Century Child, tout en étant plus présent. Le chant de Tarja n’est plus aussi lyrique qu’il y a 5 ans mais convient parfaitement. Seul le clavier se retrouve parfois effacé devant tant d’instrumentation. Tout cela concourre à faire de ce morceau un joyau, parfois progressif par sa rapidité et sa complexité.

Place à Wish I Had An Angel, par lequel le groupe entreprend sa prise de risque maximale. Mené à un train d’enfer par un beat techno à la RAMMSTEIN, un clavier et une guitare omniprésents, Tarja assure les couplets et les chœurs tandis que Marco s’empare farouchement d’un refrain ultra accrocheur. On connaît la frilosité des puristes devant ce genre de rythmique artificielle, mais Jukka est là pour compléter efficacement la donne à la batterie.

C’est alors au tour de Nemo, assurant son rôle de premier single : mélodie belle mais convenue, envolées magnifiques au clavier, ligne de guitare minimaliste malgré un solo entêtant, refrain dont on ne peut plus se défaire dès la première écoute. Nemo est en quelque sorte le pendant de Ever Dream sur Century Child, avec pour final des orchestrations à couper le souffle.

Planet Hell confirme une nouvelle donne de l’ère Once : les chœurs ont un rendu incroyable et assurent même à leur façon la rythmique du morceau. L’entrée en matière digne des meilleures introductions live du groupe (on repense au Mythodea Part. I de Vangelis) cède la place à une guitare affûtée et aux chants accrocheurs de Marco et Tarja, lesquels se distribuent les couplets et se marient pour un des refrains les plus jouissifs de l’album. A noter un solo de clavier de Tuomas comme on en voudrait plus souvent !

Creek Mary’s Blood et The Siren sont probablement les deux morceaux symbolisant le mieux la variété de Once. Si le premier s’approprie les services de John Two Hawks, célèbre indien de l’Arkansas, au chant et à la flûte pour une ambiance « western », le second flirte avec plusieurs styles allant d’une intro façon Les Dents De La Mer à des sonorités arabisantes en passant par la complainte des sirènes. L’orchestre tient naturellement une place énorme, conférant à l’ensemble une atmosphère propre aux musiques de film.

Dead Gardens et Romanticide constituent le binôme le plus agressif de l’album. Plus profond et complexe que Slaying The Dreamer, ces deux titres sont époustouflants de puissance et de contraste. Tantôt brutes et agressives, douces et atmosphériques, les mélodies distillent un heavy metal où la basse et la guitare, présentes comme jamais, trouvent une place incomparable.

Ghost Love Score succède à la tempête. Au menu, orchestrations et chœurs, à ne plus pouvoir s’en défaire. Avec ce morceau de bravoure, NIGHTWISH interprète probablement les dix minutes les plus exaltantes de l’album. Le chant de Tarja est imperfectible et les chœurs sonnent comme ce que pourrait être du Era retravaillé et arrangé. Les percussions de Jukka se montrent rapidement indispensables. NIGHTWISH nous offre un final quasi orgasmique tant les chœurs, l’orchestration, le chant de Tarja et le jeu de Jukka se marient à la perfection.

Kuolema Tekee Taiteilijan est comme son nom l’indique interprété en finnois. Y figurent seuls Tarja, l’orchestre et quelques chœurs. Malgré l’ambiance feutrée et toute l’émotion qui se dégage de ce titre, on reste quelque peu sur sa faim. On est bien loin de l’ardeur d’un Lappi Lapland.

Enfin, Higher Than Hope, composé par Marco et Tuomas, déborde de mélancolie et d’émotion, mais tandis que l’amorce du titre est assurée par une guitare acoustique et des orchestrations paisibles, les refrains et la fin du morceau sont tout en puissance, contraste aggravant le spleen.

NIGHTWISH signe un album plus abouti et efficace que Century Child et bien plus varié que ses prédécesseurs. D’ailleurs, les inconditionnels de NIGHTWISH profondément déçus par Century Child seraient bien inspirés de donner sa chance à cet album ! Once est loin d’être facile d’accès et nécessite plusieurs écoutes pour permettre d’en dompter toutes les subtilités. Les paroles profitent de la poésie talentueuse de Tuomas. Elles oscillent entre des thèmes graves comme le génocide indien dans Creek Mary’s Blood, le combat contre le cancer d’un ami DJ décédé pendant l’enregistrement et des thèmes récurrents plus métaphysiques comme la mort, la vie, l’amour, la haine, l’évasion…

Profitant d’une production incroyablement bonne, NIGHTWISH prend plusieurs longueurs d’avance dans son style de prédilection tant les orchestrations et les chœurs sont fidèles voire meilleures que ce à quoi on pouvait modestement s’attendre. Force est de constater que devant cet imposant travail de composition, d’arrangement, de mélodies, le chant de Tarja n’est plus vraiment l’argument majeur du groupe. Marco confirme qu’il est un excellent chanteur, puissant et charismatique sans toutefois ombrer Tarja. Jukka est à la hauteur de l’enjeu puisque malgré des orchestrations omniprésentes qui pourraient s’avérer encombrantes, il parvient à s’imposer en toute circonstance avec un son toujours aussi jouissif. Emppu et Marco ne sont pas en reste puisque leur jeu est globalement plus rentre-dedans que sur Century Child. Seul le clavier du compositeur Tuomas se fait globalement plus discret.

Le « release show » de Once donné au fin fond de la Finlande natale de NIGHTWISH le 22 mai 2004 est un pied de nez à tous ses détracteurs : rassemblant prés de 4000 fans de 17 pays, NIGHTWISH confirme qu’ils sont bel et bien là et qu’il faudra encore compter avec eux plusieurs années !

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- Tarja Turunen (chant)
- Tuomas Holopainen (claviers)
- Emppu Vuorinen (guitare)
- Marco Hietala (basse, chant)
- Jukka Nevalainen (batterie)


1. Dark Chest Of Wonders
2. Wish I Had An Angel
3. Nemo
4. Planet Hell
5. Creek's Mary Blood
6. The Siren
7. Dead Gardens
8. Romanticide
9. Ghost Love Score
10. Kuolema Tekee Taiteilijan
11. Higher Than Hope



             



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