Comme Fenryl, à l'époque de la sortie de ce "Vol. 3", j'étais assez décontenancé. Après deux albums où une violence et un côté malsain dominaient, "Vol. 3" changeait clairement de cap en étant plus posé, plus varié aussi. Ce n'est pas obligatoire de jouer comme des bourrins pour exprimer de la haine ou de la violence mais bordel, après l'éponyme et "Iowa", c'est difficile de passer à autre chose.

Pendant plusieurs années, je l'ai mis de côté. J'avais gardé avec moi "Duality", hit immédiat avec son break qui tabasse. "The Blister Exists" aussi, un déchaînement de violence avec son énorme batterie. Et… C'est tout. Pire encore, j'avais boudé la sortie de l'album "All Hope Is Gone" car les singles présentés ne m'avaient pas enthousiasmé.

Il aura fallu encore quelques années avant que le déclencheur arrive. Ce déclencheur, c'est mon épouse, fan de SLIPKNOT et de cet album particulièrement. Ne voulant pas risquer un éventuel conflit conjugal, j'ai donc redonné sa chance à ce "Vol. 3". Il est certain qu'avec le temps, nous évoluons, nous avons un regard plus mature sur certaines œuvres comme METALLICA avec "St Anger" où mon avis a profondément évolué entre 2003 et aujourd'hui. Et bien pour SLIPKNOT c'est pareil.

Alors non, l'album ne démarre pas par des claques comme "(sic)" ou "People=Shit". Ici, dès l'intro, on a du chant clair, le tout accompagné par des guitares mélodiques et oppressantes. Et tout le long de l'album, je me retrouve surpris et presque déçu d'être passé à côté de ces bons titres, de ces détails dans certains morceaux. Ainsi je me retrouve à apprécier cette prise de risque de SLIPKNOT à nous pondre des lignes ultra-mélodiques ("Vermilion" et son final saisissant), des ambiances très pesantes ("Virus Of Life"), les guitaristes qui sortent enfin des soli de leurs manches ("Pulse Of The Maggots" ou encore l'énorme intro de "Opium Of The People") et des parties de batterie complètement dingues (écoutez les breaks de Joey sur "Three Nil" et son jeu sur "The Nameless" !).

La force de cet album réside dans son inaccessibilité finalement. Là où "Iowa" nous balançait mandale sur mandale, "Vol. 3" se veut plus complexe et se mérite. Les titres se révèlent au fur et à mesure et à aucun moment on ne tombe dans la niaiserie qu'on trouvera sur "All Hope Is Gone" car avec la ballade "Vermilion Pt.2", SLIPKNOT nous montre qu'il sait composer des ballades sans tomber dans le mièvre.

Un mot sur la musique. On a encore une fois un très bon rendu de la batterie et des percussions même si Joey domine clairement les débats par rapport à ses camarades percussionnistes. Les riffs de guitare sont également très lourds et même parfois assez complexes comme sur les couplets "The Nameless" ou l'intro de "Opium Of The People". Les ambiances sont aussi franchement réussies comme sur l'aérienne "Circle" et ses bruitages discrets mais bien pensés. SLIPKNOT se targuera même de conclure avec l'album avec la mid-tempo torturée "Danger – Keep Away", aux ambiances très travaillées, une réussite !

Néanmoins, tout n'est pas parfait. J'avoue que "Before I Forget" m'agace particulièrement avec son refrain peu inspiré malgré des couplets bien pêchus. "Welcome" également, qui n'apporte rien et aurait pu être enlevé de la tracklist définitive.

Malgré sa longueur (une heure sans aucun remplissage inutile comme sur "Iowa" ou "Scissors" sur les précédents opus), cet album s'écoute très facilement. On passe de titres très percutants à d'autres plus posés, plus travaillés. La tracklist est idéalement conçue pour ne pas se prendre tous les parpaings d'un coup et ensuite connaître une baisse de régime. Non, ici, vous passerez de l'uppercut à la finesse, de la rage et à la douceur, le tout avec un son dantesque. Mon album préféré du groupe sans hésitation.

Note réelle : un 4,5/5 assumé !