Eh bien celui-là je dois dire que je ne m’y attendais pas. Car après les bouleversements qu’on connaît (pour rappel, en 2001, Andre Matos se fait la malle avec Luis Mariutti et Ricardo Confessori pour fonder SHAMAN, laissant Rafael Bittencourt et Kiko Loureiro seuls comme deux ronds de flans) et un "Rebirth" honnête mais inégal, ANGRA signe là ni plus ni moins que son chef-d’œuvre.

Revigoré par l’arrivée de sang neuf, Rafael Bittencourt nous a concocté un concept album d’une qualité rare qui fait les yeux doux à "Holy Land". Ainsi les influences progressives sont plus que jamais de mise et les couleurs Brésiliennes font leur grand retour, soit intégrées à la section Metal comme sur "Winds Of Destination" (un des meilleurs morceaux de la galette, la présence d’Hansi Kürsch apportant une plus-value indéniable) soit exploitées dans des compos acoustiques enjôleuses ("Sprouts Of Time"). Et les deux avec la même réussite !

Car la grande force de cet album réside à la fois dans sa variété et l’équilibre du tout. En effet, l’intro, à la fois mystérieuse et grandiose (mais souvent inutile dans le cas de beaucoup d’albums du même genre), est indispensable au démarrage de l’album, son enchaînement sur "Spread Your Fire" étant des plus détonants. S’ensuit un autre morceau très speed "Angels And Demons" où la dextérité du batteur Aquiles Priester est mise à l’honneur et qui permet de mieux comprendre pourquoi ce dernier a pu postuler pour remplacer Mike Portnoy au sein de DREAM THEATER. Ces enchaînements à la fois complexes et fluides sont la marque des grands maîtres de la musique progressive.

Après "Waiting Silence", plus mid-tempo, on est vite entraîné vers d’autres couleurs. Les éléments acoustiques font d’ailleurs leur arrivée de manière progressive pour arriver au mélange ultime sur "Winds Of Destination" puis "Last Redemption" où la musique du groupe prend des accents symphoniques du plus bel effet. Et que dire de "The Temple Of Hate"… Sinon que le groupe s’y montre en parfaite possession de ses moyens avec de nouveau une démonstration de maîtrise impressionnante. Ils montrent ici comment le Power Metal typique de Kai Hansen (dont la participation vocale écrase littéralement le pauvre Edu Falaschi, assez pénible dès qu’il s’aventure dans les aigus) se trouve magnifié par des compositeurs aussi doués que Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt.

On est ici au second âge d’or du groupe. Et même la différence de niveau flagrante entre Edu Falaschi et son illustre prédécesseur ne suffit pas à entacher la qualité de cet album qui est véritablement l’œuvre d’un groupe à l’acmé de son talent. Période faste qui ne durera hélas pas, les deux successeurs de ce "Temple Of Shadows" m’ayant moins convaincu, l’un après l’autre. ANGRA livre en cette année 2004 l’un des derniers monuments de la forteresse True Metal (dont il commence déjà à s’éloigner). Les mecs, on attend la suite !!!