A voir le succès de Nightwish avec Once, on pouvait à n’en pas douter parier que leur principal concurrent commercial, à savoir Within Temptation, vienne lui aussi ajouter son grain de sel. Après un Mother earth entraînant, et qui affirmait une réelle personnalité à la formation Hollandaise, on pouvait attendre avec curiosité la suite de leurs aventures. D’autant plus que certaines interviews « exclusives » laissaient entendre que le groupe nous concoctait un album en compagnie d’un orchestre symphonique et qu’il en résulterait un « nouveau chef d’œuvre » (à supposer que Mother Earth en soit un, ce qui n’est pas le cas !)

Ce tant espéré « The Silent Force » arrive pile-poil aux moments des fêtes là où, pour la plupart des amateurs de metal symphonique, on attendait un peu de nouveauté… Curieux comme je suis, et soucieux de voir ce que deviennent les pinpins du pays des joints légaux après leur énorme succès (regardez donc « Mother Earth Tour » pour vous en assurer), je suis parti à la conquête de ce troisième album…

Aux premières écoutes, il m’était vraiment agréable de retrouver Within Temptation. Après une introduction symphonique réussie, « See Who I Am » fait directement penser à un morceau habituel de Mother Earth… « Jillian » est un nouvel excellent morceau dans le genre, bref, on retrouve notre bon vieux Within… et après, ça coule comme du beurre au soleil, on se laisse porter sans se prendre la tête par la grandiloquence des compositions et une Sharon qui a gagné en assurance… Malgré cela on note tout de même des ressemblances avec Evanescence, sur des morceaux tels « Sand My Ground » ou « Aquarius », et par la ressemblance parfois frappante de la voix de Sharon avec celle de Amy Lee, et au passage, des mélodies vocales parfois un peu trop proche de la pop (limite variet sur « Angels » par exemple)…

Au fil des écoutes, le « un peu » de la phrase précédente s’efface et finalement ces influences commerciales deviennent trop importantes aux oreilles, et viennent marcher sur les plates bandes de passages symphoniques pourtant bien ficelés. Car qu’on ne s’y trompe pas, si les chœurs et l’orchestre renforcent l’authenticité et la grandiloquence qu’assurait autrefois le clavier de Martijn, les compositions ne sont pas énormément plus subtiles. A l’inverse d’un Once de Nightwish, cet apport n’est pas à cent pour cent exploité, surtout qu’au passage, les sons de flûtes, de bassons et autres instruments à vents sont quasiment supprimés.

On a donc vite fait le tour de cette nouvelle offrande, et après une semaine d’écoute j’ai pu faire la part des choses : TSF est moyen. Déjà je reprochais à Mother Earth d’être un poil trop mielleux et plat, de manquer de ce petit quelque chose qui fait qu’un groupe se lève au-dessus de la masse, ici, cette impression devient d’autant plus grande : le groupe perd une partie de sa magie, de son identité, copiant un groupe qui lui-même s’est inspiré de leurs débuts… Sans paraître exagéré, on pourrait presque penser que TSF pourrait très bien être présenté à des « awards » grands public.

Je ne vais pas non plus cracher dans la soupe, « See Who I Am », « Jillian », ou encore le très posé et mélancolique « Pale » sont de bons morceaux, et d’une manière générale, TSF n’est pas foncièrement désagréable à écouter. C’est un peu comme la consommation d’un paquet de Golden Grahams : le goût n’est pas très raffiné mais a le mérite d’être agréable, on en bouffe une bonne semaine sans se lasser, et, après indigestion, on laisse le paquet de côté…

Alerte rouge donc ! Within Temptation se dirige dangereusement vers une logique qui tendrait à privilégier la forme au détriment du fond… un troisième opus relaxant, certes, mais qui ne m’a pas marqué (et déçu par la même occasion)…aux fans de décider…