Une nouvelle formation en provenance de Vénétie débarque sur le marché métallique : RAINTIME. Nous sommes en 2005, à l’apogée du Heavy Mélodique qui amorce lentement mais sûrement son déclin. En effet, le Death Mélodique s’apprête à devenir le nouveau style en vogue, plus proche des aspirations purement Metal du public qui ne se retrouve plus forcément dans les chevauchées de licornes et autres chasses au dragon. Mais au carrefour des genres naissent des rejetons pas très nets comme CHILDREN OF BODOM, WINTERSUN ou encore RAINTIME.

Un visuel à la fois beau et empreint d’une certaine noirceur est le premier contact avec "Tales From Sadness", premier opus des Italiens de RAINTIME. Mené par un son de clavier tout à fait moderne, fil rouge de l’album et premier atout de la formation, "Moot-Lie" dévoile une base franchement Heavy à tendance symphonique rehaussé de riffs et de vocaux plus proches du Death Mélodique. L’ambiance, très nordique, renforcée par l’utilisation judicieuse et constante du clavier, rapproche les Italiens de leurs cousins scandinaves, les Finlandais en particulier. Pas mal de formations à cette époque allient une approche un peu progressive et des mélodies fraîches héritées du Hard-FM.

À l’image de SONATA ARCTICA qui empruntera cette voie deux ans plus tard, RAINTIME dévoile sa personnalité à travers ce premier opus prometteur. Claudio Coassin, véritable maître à penser, chanteur et claviériste, pose l’architecture du metal selon RAINTIME : des structures développées, constituées de plans efficaces alternant envolées lyriques typiquement Heavy/Speed, rythmiques et mosh parts épisodiques propices au headbanging, et passages plus rentre-dedans plus Melodeath où le vocaliste nous délivre un chant guttural du meilleur effet.

Homogène, "Tales From Sadness" n’est pourtant pas exempt de défauts. Si certains titres tapent dans le mille ("Moot-Lie", "The Experiment", "Chains Of Sadness") proposant avec un équilibre quasi parfait une définition de la personnalité dans le Metal, RAINTIME ayant réellement une patte caractéristique, d’autres ratent le coche. On se perd parfois dans "Faithland" ou "Daily Execution/Paradox Defeat". Pas que les morceaux soient mauvais, mais l’abondance de plans et de changements ne sert pas toujours l’efficacité. Cela demande un certain savoir-faire et pas mal de talent. La jeunesse sans aucun doute, comme viendra le confirmer "Flies & Lies" deux ans plus tard, en enfonçant le clou de façon magistrale.

Néanmoins, nous aurions tort de râler car débarquer avec un premier opus si frais, inspiré et aussi personnel n’est pas à la portée du premier venu et "Tales From Sadness", premier des trois opus de RAINTIME a droit à une place de choix dans votre métalthèque.

3,5/5.