Rarement un groupe n’aura franchi un tel palier entre son premier méfait et le suivant. Si "Ember To Inferno" contenait déjà les marqueurs identitaires de TRIVIUM, l’ensemble restait trop immature pour totalement me séduire. Sorti à peine deux ans après, "Ascendancy" démontre une maîtrise insoupçonnable, surtout si l’on considère que les membres n’ont pas vingt ans au moment d’enregistrer cet essai sophomore. Mais plus impressionnant encore, cette maturité ne se fait pas au détriment de la spontanéité de la musique, terriblement directe et instinctive dans son exécution.

C’est simple, tout est mille fois mieux. Le chant de Matt est plus modulé, tant dans le versant -Core que dans le registre clair. Les mélodies des refrains sont bien plus singulières, recherchées et accrocheuses. Les compositions ont fait l’objet de plus de sophistication que les schémas classiques délivrés dans l’opus séminal, tout en conservant une dimension « in your fucking face » absolument jouissive.

Mais le point le plus spectaculaire, c’est le travail sur les guitares. C’est simple, on pourrait croire à de nouveaux membres, tant le boulot est bluffant. C’est d’ailleurs en partie le cas, car Corey Beaulieu n’avait pas participé à l’enregistrement d’ "Ember To Inferno". Mais Matt a également bossé comme un fou. Le riffing, déjà plutôt au point, est plus complexe. Quant aux leads, ça envoie dans tous les sens, à chaque instant, nous ressortant également à l’occasion des motifs twins harmonisées qu’IRON MAIDEN n’aurait pas reniés. C’est puissant, c’est technique, c’est pétri d’émotions contradictoires. Salade-Tomate-Oignons, on est en présence du combo complet.

TRIVIUM fait également étalage d’un contrôle des rythmes, le plus souvent à grande vitesse, mais sait nous laisser respirer pour mieux remettre les gaz. Les chorus ont également fait l’objet d’une attention particulière, là où ils ne laissaient pas un souvenir impérissable sur l’effort précédent. A tort catalogués Metalcore, sans doute du fait de certaines figures partagées avec le genre, les Américains évoluent au croisement du Thrash (voie qu’ils exploreront plus franchement sur "The Crusade"), du Metalcore donc, mais également du Melodeath, avec une vista qui leur est propre. La formation Floridienne ne ressemble à personne et c’est tant mieux.

Si la production bénéficie également d’une montée en grade, tout juste pourra-t-on regretter une seconde partie d’album légèrement en dessous, en particulier dans ses mélodies, moins inspirées. "Ascendancy" ne tient donc pas totalement toutes ses promesses sur la durée, mais n’en reste pas moins un incontournable du début du siècle, de par sa modernité et la claque mise à l’establishment Metal à l’époque.

Note réelle : 4,5/5.