Expériences en tous genres, voilà comment on pouvait résumer grossièrement "Better Than Raw", ce laboratoire à idées du docteur Stein parvenu à laisser passer quelques éclairs de génie (ce "Push" putain comment que ça arrachait !).
Étape souvent nécessaire au changement ? C’est le moins que l’on puisse dire tant HELLOWEEN fait peau neuve avec cette inquiétante citrouille qui annonce "The Dark Ride" sans aucun doute l’opus le plus sombre de toute la carrière d’HELLOWEEN jusqu’à "7 Sinners".

Roland Grapow et Uli Kusch ont pris une importance considérable et font jeu égal avec un Weiki désabusé qui dénigrera carrément l’album, trouvant deux boucs émissaires idéaux dans les deux musiciens qui pourront, dans leur dépit, librement s’atteler à leur projet MASTERPLAN, écarté du pouvoir autocratique de cher Michael qui avait manqué en son temps de faire éclater le groupe deux fois (avec d’abord le départ de Kai puis celui de Michi). "The Dark Ride" marque également une participation de plus en plus active du sympathique Markus Großkopf, contribuant à rendre cet album plus collégial que jamais.

Non exempt de morceaux moins marquants, tout comme son prédécesseur, "The Dark Ride" enchaîne du brûlot avec vindicte ("Salvation", "Mr Torture", "The Departed", "All Over The Nations" ou encore "Escalation 666" qui pêche néanmoins à cause d’un refrain raté) pour s’achever dans la grandeur ultime dans un éponyme qui constitue pour moi le joyau ultime de sa discographie : Andi Deris est un Dieu, Uli Kusch met en marche un cerveau par membre et Roland Grapow affirme son talent comme jamais auparavant nous laissant rêveurs sous une avalanche de chœurs soutenant une stratocaster expressive dont chaque lick transperce le cœur. Les joutes guitaristiques sont vertigineuses et la structure un modèle du genre avec ce break inattendu et magnifique où Andi Deris est divin. Quelqu’un a dit un jour : « Michael Kiske a une voix remarquable, Andi Deris en a six ou sept », et il y a vraiment de ça dans ce morceau…

Qu’il est cependant regrettable d’avoir écarté de la tracklist principale "The Madness Of The Crowds", titre au riff musclé entraînant Andi Deris dans des approches extrêmes à la "Push" qu’il ne renouvellera pas avant "Kill It!" (2007) et nettement supérieur aux "Immortal" ou "Mirror Mirror" disséminés dans la tracklist. Relativisons, ici les morceaux moyens sont tout à fait sympathiques mais ce qui rend "The Dark Ride" meilleur que son prédécesseur, c’est qu’il a les couilles de moderniser sa production et son riffing afin de préparer son entrée dans les années 2000 la tête haute en rappelant à tous ses suiveurs qu’il n’a jamais cessé d’innover. Et puis sa singularité dans la discographie d’HELLOWEEN lui octroie cette aura de mystère qui attirera immanquablement le fan à son chevet.

3,75/5.