Cette kro-express était à l'origine la chronique principale avant d'être réécrite par Jeff Kanji

Bien avant que les jeunes Allemands d’EDGUY n’intitulent ainsi leur deuxième album (peut-être bien en hommage, Tobias Sammett étant fan du groupe), une formation britannique choisissait l’intitulé "Kingdom Of Madness" comme ticket d’entrée sur la scène Prog de la fin des 70s. Et cette introduction à l’oeuvre de MAGNUM possédait bien des choses pour elle.

Fortement influencé par QUEEN, au point que je serais parfois tenté de voir en lui une sorte de QUEEN mâtiné d’une respiration Prog plus appuyée (avec KANSAS ou RUSH en tête), MAGNUM faisait une jolie impression en nous proposant pas moins de neuf titres pour quarante minutes d’une musique soutenue par une fine influence Rock, voire Hard Rock. Du haut de son timbre assez chaud et touchant, proche de celui de Freddie Mercury par instants, Bob Catley emmenait dans son sillage une musique étudiée et d’une fine complexité, agréable d’écoute, emplie de claviers, mellotron et autres sons typiques de cette époque, avec même de ponctuelles interventions de flûte.

Sans agressivité, les compositions de "Kingdom Of Madness" ne s’égarent pas pour autant sur des sentiers soporifiques (à l’exception d’un "Universe" lénifiant) : "All That Is Real" contient une bonne accélération, l’excellent morceau-titre et ses riffs (électriques et acoustiques !) particulièrement bien troussés donnent dans le vivifiant, et les guitares tiennent le premier rôle sur le véritable petit tube QUEENesque et remuant qu'est "Baby Rock Me". Il convient d’ailleurs de relever le soin pris par MAGNUM dans l’élaboration de morceaux se ménageant un savant équilibre interne, partageant leur espace entre l’énergie des guitares et le travail sur les claviers et autres harmonies vocales (le long titre introductif "In The Beginning" et son déroulement tout en cassures, les excellents "The Bringer", "Invasion" et "All Come Together"). Avec même quelques surprises, comme ce "Lords Of Chaos" pas du tout effrayant, et tressautant d’une rythmique décalée limite Disco.

Éminemment sympathique et vraiment bien fait au demeurant, ce premier essai de MAGNUM ressasse probablement un peu trop certaines influences, et sa production vieillotte (mais pas déplaisante) minimise un peu son étendue. Mais l’ensemble, s’il reste fortement ancré dans son époque, ne manquera pas de récolter les assentiments d’amateurs de Rock Prog pompeux, et pourrait bien plaire à un public métallique parfois réticent à se plonger dans les circonvolutions d’un genre riche, empreint de rêve et véhicule de nombreuses émotions. Un bel album et un groupe à réhabiliter.

Note : 3,5/5.