Ceux qui avaient écouté The Taste Of Victory savaient que le successeur longue durée de Нехристь ne lui ressemblerait pas et que NOKTURNAL MORTUM avait opéré une nouvelle mue. Si l’accent nationaliste n’était pas forcément plus marqué que sur le déjà controversé quatrième album, l’habillage perdait un soupçon d’originalité et la voix de Knjaz Varrgoth obéissait aux nouvelles règles de ce nsbm haï de beaucoup et pourtant riche de tant d’œuvres de qualité, à savoir un chant extrêmement rugueux et vindicatif, s’apparentant à celui employé dans la oï la plus virile mais aussi, cessons de nous focaliser sur l’accessoire, par nombre de combos de hardcore bien souvent pourfendeurs de crânes rasés au bras tendu.

Weltanschauung confirme, évidemment sommes-nous tentés de dire puisque The Taste Of Victory a toujours été officiellement annoncé comme un avant-goût du nouveau disque, le tournant pris sur l’ep de 2003. L’élan général est martial, le tempo soutenu mais jamais épileptique, le grain des guitares relativement soyeux. L’épice folklorique est confirmé dans son rôle d’exhausteur de goût, un droit à la parole étendu a été réservé à des instruments traditionnels inconnus dans nos contrées. Mention spéciale à The taste of victory et The new era of swords, certes déjà connus mais remarquables en tous points.

Mais un sujet fâche et agace. Admettons que The path of immortals soit une intro, quoique sa longueur irrite, acceptons The way of glory comme outro et le dernier titre non intitulé comme son appendice synthétique. Mais il reste encore Stardust et son climat plus cataleptique que cosmique, le flûteau modérément inspiré et surtout trop répétitif de Sorrow, le mystique The dance of fire and steel, l’infiniment vide Endless vast swamps, les cornemuses locales d’Harvesting the seeds of death. Et pour conclure cette trop longue liste, les samples de films de guerre, cliché lassant. A force de vouloir développer un climat, qui plus est parfois contradictoire, le groupe en oublie la cohésion et y perd trop en compacité.

Tous ces interludes ont certes une raison d’être, mais certainement pas la meilleure. NOKTURNAL MORTUM s’amuse une nouvelle fois, il l’avait déjà fait sur Нехристь, à jouer sur la symbolique des nombres. Les 14 titres de Weltanschauung sont une référence explicite à une phrase de 14 mots prononcée par David Lane, membre du Ku Klu Klan, néo-nazi convaincu, actuellement sous les verrous car assassin de l’irrévérencieux présentateur radio Alan Berg. La tragédie fut mise en images par Oliver Stone et la phrase devint slogan célébrissime dans le petit monde des acheteurs de polos Fred Perry et de treillis camouflage.

De là, une étrange idée me vient à l’esprit. Rappelant une dernière fois l’inutilité de ces intermèdes uniquement bons à plomber la dynamique du disque, étant donné la présence de trois des six véritables morceaux sur The Taste Of Victory, même si différemment mixés, ce nouvel album risque fort de laisser sur leur faim ceux qui auront attendu près de deux ans Weltanschauung. Alors, pourquoi ne pas assainir un peu ses finances, faire l’économie de quelques euros et se passer de cette galette tout à fait convenable mais finalement décevante du simple fait de l’existence de la rondelle que j’avais chroniqué l’année dernière?