Imaginez que vous deviez présenter Lacuna Coil à votre meilleur pote, qui ne jure que par Pantera et Sepultura… ça ne semble pas gagné hein? En effet, ils sont italiens, pays pas franchement réputé pour sa scène metal prolifique (mis à part Rhapsody), ils officient dans le metal gothique, un genre tenu par les maîtres PARADISE LOST, TYPE O NEGATIVE ou encore THEATRE OF TRAGEDY. Et en plus, y’a une nana très jolie qui chante, et c’est qu’à cette période, les groupes de metal à donzelles fleurissent un peu partout en Europe (THE GATHERING et NIGHTWISH en tête), alors pas besoin d’en avoir un nouveau! …Et pour finir, il y a aussi un monsieur qui pousse des cris menaçants.

Donc là, on ne peut dire que Lacuna Coil soit décrit sous son plus bel angle, votre interlocuteur risquerait plus de vous répondre « les gothopouferies, y’en a marre ! », que « z’y va, passe-moi le ce skeud! ».

Mais voili, voilou, Lacuna Coil n’est pas le groupe de plus qu’on ne voulait pas voir ! Bien qu’ils piochent un peu chez PARADISE LOST, THEATRE OF TRAGEDY, et THE GATHERING, ils ont su se forger une identité marquée, et dès leur premier album « In A Reverie ». On est bien loin de tous les clichés goth éculés qui envahissent la pile de cd de votre cousine Martine. Le groupe pratique dans la mélancolie, avec une profondeur et une beauté stupéfiante, qui ne cessera de vous achever au fur et à mesure de la progression du disque.

Les mélodies sont belles et éthérées, tout en gardant des guitares lourdes et puissantes. Bien que ce soit encore fragile au niveau de la technique, et parfois un peu immature dans l’utilisation de la voix masculine et féminine, on se laisse vite envoûter par la pureté de la musique, tour à tour dynamique (« Circle » ; « Cold » ; My Wings ») ; théâtrale et sensuelle comme « Stately Lover » ou « Honeymoon Suite », dans lesquelles la voix grave de Cristina Scabbia contraste avec la puissance de son partenaire Andrea Ferro; ou empreinte de tristesse comme la ballade finale « Falling Again » portée de main de maître par Cristina Scabbia…

Il en aurait fallu de peu pour atteindre le sans-faute: un peu moins de timidité chez les musiciens, une meilleure utilisation des deux voix (Andrea Ferro a parfois tendance à trop gueuler) ainsi qu’une durée de disque un peu plus longue (heureusement que le bouton replay est là!). Mais je ne vais pas les blâmer, ce n’est que leur premier disque. Lacuna Coil a un talent mélodique indéniable, un sixième sens du tube (sans que ça lasse en plus), une beauté qui émane constamment de leurs chansons et une chanteuse qui a une empreinte vocale (et charismatique en plus)…mais ça, si je ne me trompe pas, ça s’appelle la classe ?…